La veille, deux porte-parole - contestés - du mouvement qui réclame plus de pouvoir d'achat et la suppression de la taxe carbone, ont été reçus par le ministre de la Transition écologique, après le discours d'Emmanuel Macron. Mais l'un des deux représentants, pas convaincu par le président comme de nombreux autres "gilets jaunes", a appelé à une nouvelle manifestation samedi à Paris.
Invité de RMC/BFM TV, le chef du gouvernement a confirmé la hausse de la taxe carbone sur les carburants au 1er janvier, qui doit entraîner une augmentation des taxes de l'ordre de 3 centimes sur l'essence et de 6 centimes sur le gazole.
"Le président l'a dit, on a fixé un cap, et puis on va tenir ce cap", a-t-il affirmé, tout en confirmant le mécanisme esquissé par Emmanuel Macron mardi. En cas de pic du prix du pétrole brut, le gouvernement pourra neutraliser la hausse des taxes survenue au 1er janvier de l'année.
"On verra l'évolution du prix de la matière première, et si elle est tellement élevée, alors on pourra revenir au niveau initial qui prévalait au 1er janvier", a résumé l'ancien maire LR du Havre.
Réponse à la fronde des "gilets jaunes" qui agite la France depuis le 17 novembre, cette inflexion inattendue était la principale mesure annoncée mardi par le président. Avec le lancement d'une grande concertation de trois mois.
Des annonces fraîchement accueillies et jugées "insuffisantes" par près de 80% des Français, selon un sondage Opinion Way publié mercredi. Ils sont aussi nombreux à souhaiter l'annulation pure et simple de la hausse de la taxe au 1er janvier, et 66% à soutenir les "gilets jaunes".
Le patron des Républicains (LR) Laurent Wauquiez a réclamé un référendum au président Macron sur sa politique fiscale en matière d'écologie. Une proposition jugée "démagogique" par le numéro un des socialistes Olivier Faure, qui met toutefois en garde l'exécutif contre une "situation explosive dont personne ne sait à quoi elle peut conduire".
Malgré le climat de tension sociale, l'exécutif se contentera de la hausse légale du Smic, liée à l'inflation, sans "coup de pouce", a annoncé Édouard Philippe.
Architecte désigné de la future grande consultation locale, le Premier ministre souhaite que cette discussion ait lieu "un peu en dessous" du niveau des départements.
"Ras-le-bol généralisé"
"Les solutions que je trouve dans mon bureau, même si j'y crois, c'est pas forcément les plus efficaces et tout le monde le sait", a reconnu le chef du gouvernement, qui avait annoncé il y a deux semaines de premières mesures d'accompagnement, notamment sur l'extension du chèque énergie et de la prime à la conversion automobile.
Le Premier ministre "souhaite" que les "gilets jaunes" soient associés à ces débats locaux. Il s'est dit prêt à recevoir "une délégation représentative" à Matignon.
"Dans ce qu'ils formulent, il y a beaucoup de choses très légitimes qui doivent être entendues", a-t-il dit, ouvrant une porte de Matignon jusque là restée fermée.
Reste à trouver des porte-paroles reconnus, Éric Drouet et Priscilla Ludosky reçus mardi étant contestés.
"Personne ne sait par qui ils ont été désignés, où, quand, comment. Ils se sont auto-proclamé représentants", a déploré Yves Garrec, un chauffeur VTC et gilet jaune toulousain, interrogé par l'AFP.
À La Réunion, où le mouvement des "gilets jaunes" a paralysé l'île et déclenché d'inquiétantes violences urbaines ces derniers jours, la ministre des Outre-mer Annick Girardin est arrivée mercredi matin. Elle a immédiatement rencontré des "gilets jaunes" sur un rond-point, où l'attendaient quelque 2.000 d'entre eux.
Se disant consciente du "ras-le-bol généralisé" et de la "souffrance des gens", la ministre a dit souhaiter "qu'on puisse s'asseoir tous ensemble pour dialoguer", si besoin pendant "plusieurs jours", afin de "trouver les points de sortie de cette crise".
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