Le chef de l'Etat ne recevra pas lui-même des représentants des "gilets jaunes" mais a confié au ministre de la Transition écologique François de Rugy le soin de les écouter, a précisé l'Elysée.
Un certain flou entourait cependant mardi cette rencontre. "Je recevrai dès ce soir une délégation", a indiqué mardi le ministre à l'Assemblée, sans plus de précisions. "C'est une belle improvisation du gouvernement. (...) On attend que le gouvernement nous appelle. Personne n'est au courant de rien", a confié Marine Charrette-Labadie, une des porte-parole du mouvement protéiforme qui sont contestés par d'autres "gilets jaunes".
Le discours très attendu d'Emmanuel Macron a immédiatement été rejeté par des "gilets jaunes" et l'opposition, qualifié de "vide absolu" par Marine Le Pen, de "désespérant" par les Républicains, et jugé "hors-sol" par l'Insoumis Jean-Luc Mélenchon qui a dénoncé la "totale soumission au lobby nucléaire" du président.
"Fin du monde" ou "fin du mois", "nous allons traiter les deux, et nous devons traiter les deux", a assuré M. Macron lors d'un discours à l'Elysée pour la présentation de la programmation pluriannuelle de l'énergie, en référence à la nécessité de concilier les enjeux climatiques et sociaux pointée par l'ex-ministre de la Transition écologique Nicolas Hulot.
Après dix jours de grogne des "gilets jaunes" contre la perte de pouvoir d'achat et la hausse des taxes sur les carburants, il a annoncé que leur fiscalité serait adaptée aux fluctuations des prix afin d'en limiter l'impact pour les Français qui utilisent beaucoup leur voiture.
"En cas de nouveau pic des prix, le gouvernement pourra décider de suspendre ou réduire la hausse de fiscalité intervenue en début d'année, pour ne pas aggraver inutilement la hausse déjà forte du prix à la pompe. En application de ce mécanisme, la hausse de la fiscalité aurait été suspendue entre juillet et octobre 2018, réduisant le prix à la pompe", a expliqué Matignon.
Le chef de l'Etat a en outre annoncé une "grande concertation de terrain sur la transition écologique et sociale", rassemblant associations, élus et "représentants des gilets jaunes", pour, "dans les trois mois qui viennent", élaborer des "solutions", des "méthodes d'accompagnement".
Edouard Philippe est chargé de mener des consultations cette semaine pour définir l'organisation de cette concertation.
"Ceux qui disent que ce sont, au fond, toujours les mêmes qui font les efforts", "ont raison", a-t-il ajouté, fustigeant "40 ans de petites décisions" et les discours incitant "depuis des années" les Français à s'installer en périphérie des villes ou à rouler au diesel.
Mais si "nous devons entendre les protestations d'alarme sociale", ce sera "sans renoncer à nos responsabilités" car "il y a aussi une alarme environnementale", a toutefois réaffirmé le chef de l'Etat.
Compromis nucléaire
Sur l'épineuse question du nucléaire, Emmanuel Macron a choisi la voie du compromis en annonçant de 4 à 6 nouvelles fermetures de réacteurs d'ici 2030, en plus des deux de Fessenheim, moins que ce qu'espéraient les écologistes, et un essor des énergies renouvelables.
Il tranche entre les voeux du ministre de la Transition écologique François de Rugy - et de son prédécesseur Nicolas Hulot -, qui voulaient six arrêts supplémentaires d'ici 2028, et Bercy, qui voulait repousser les fermetures à l'après 2029, tout comme EDF.
Emmanuel Macron a confirmé que la part du nucléaire serait ramenée à 50% de la production d'électricité à l'horizon 2035, contre un objectif initial à 2025 dans la loi de transition énergétique.
Des "gilets jaunes" ont immédiatement rejeté ce discours. "Macron garde le cap, nous aussi", clamaient mardi une cinquantaine de "gilets jaunes", installés dans leur nouveau "quartier général", sur un rond-point de Trégueux (Côtes-d'Armor).
Côté politique, seul le MoDem saluait le "nouveau prisme" donné par le président "pour regarder notre avenir".
A droite, Nicolas Dupont-Aignan, président de Debout la France, a dénoncé un discours "à côté de la plaque" avec une "concertation pipeau".
L'écologiste Yannick Jadot, un des rares politiques à soutenir la hausse de la fiscalité des carburants proposée par le gouvernement, s'est dit "stupéfait" du manque d'annonces sociales.
Au sein de la majorité, le député LREM Mathieu Orphelin, proche de Nicolas Hulot, s'est dit "déçu" qu'aucune nouvelle mesure d'accompagnement social n'ait été annoncée mardi, alors que "les solutions sont connues".
"Ce que nous voulons c'est que personne ne soit laissé seul face à la transition écologique", a de nouveau plaidé le Premier ministre Edouard Philippe lors des questions au gouvernement, à l'Assemblée.
bur-jri-ib-jmi/map/sl/nm
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