Sergueï Wenergold, un Allemand d'origine russe de 29 ans, a été reconnu coupable de tentatives de meurtres par le tribunal de Dortmund. Il avait eu l'idée de décimer l'équipe du Borussia Dortmund pour faire chuter le cours de l'action du club, contre laquelle il avait spéculé, dans le but de s'enrichir.
A l'issue de 11 mois de procès, le parquet avait requis la perpétuité, estimant que l'accusé avait effectivement eu l'intention de tuer le plus de monde possible. Plusieurs experts étaient venus à la barre confirmer la dangerosité de son installation et de ses trois bombes remplies de tiges de fer. Il avait acheté pour 26.000 euros de produits financiers du Borussia, en pariant sur une chute brutale des cours. Son plan aurait pu lui rapporter près de 500.000 euros, selon l'accusation.
La défense avait plaidé en revanche pour une peine inférieure à 10 ans, arguant que l'accusé avait surtout cherché "à faire peur". Lui-même a assuré n'avoir voulu tuer personne.
"Je voudrais m'excuser auprès de tous", a-t-il déclaré dans sa dernière prise de parole.
Bricoleur doué pour fabriquer les engins, mais visiblement mauvais artificier, il avait mal positionné ses bombes, qui n'ont fait que deux blessés: le joueur espagnol Marc Bartra, touché au poignet par des éclats de verre alors qu'il était dans le bus, et un policier de l'escorte à moto touché au tympan par le souffle de l'explosion.
Joueurs choqués
Le bus avait été endommagé par les explosions alors que l'équipe se rendait au stade en début de soirée le 11 avril 2017, pour y disputer un match aller de quart de finale de Ligue des champions contre Monaco.
Pour le club, l'attentat a eu plusieurs conséquences néfastes. Encore choqués, les joueurs ont dû disputer le match le lendemain, contre leur volonté. Ils ont finalement été éliminés (défaites 3-2 et 3-1), avec l'impression de n'avoir pas pu défendre équitablement leurs chances.
Cette décision de faire jouer la rencontre si rapidement a également provoqué un clash entre l'entraîneur Thomas Tuchel et le patron du club Hans-Joachim Watzke. Le coach a finalement été limogé en fin de saison, malgré d'excellents résultats sportifs.
Juste après l'attentat, l'enquête s'est d'abord orientée vers le terrorisme islamiste, sur la foi de lettres laissées sur place par l'auteur pour induire la police en erreur. Puis vers les pistes de l'extrême droite et de l'extrême gauche allemandes.
Finalement, la police est remontée jusqu'au jeune homme qui, le jour des faits, avait résidé dans l'hôtel des joueurs de Dortmund. Il avait une formation en électro-technique lui permettant de confectionner les explosifs.
Plusieurs joueurs de Dortmund, dont Marc Bartra, sont venus témoigner pour dire à quel point l'attentat les avait traumatisés. Certains ont eu besoin d'un suivi psychologique pendant des mois.
Lors de son témoignage en janvier 2018, soit neuf mois après l'attaque, Marc Batra avait indiqué n'avoir "toujours pas digéré" l'attentat et continuer de "souffrir".
Le défenseur espagnol a quitté le club allemand à la même époque pour s'engager avec le Betis Séville.
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