Le président américain a prévenu que l'accord tel qu'il a été conclu dimanche entre le Royaume-Uni et l'UE pourrait nuire aux échanges commerciaux entre Washington et Londres, qui mise beaucoup sur un accord de libre-échange avec son allié américain.
"Cela semble être un très bon accord pour l'UE", a-t-il confié lundi à des journalistes depuis la Maison Blanche. "Nous devons sérieusement regarder si le Royaume-Uni est autorisé ou non à faire du commerce".
"Si vous regardez l'accord, ils pourraient ne pas être autorisés à faire du commerce avec nous et ça ne serait pas une bonne chose", a-t-il insisté.
La Première ministre britannique a balayé ces commentaires lors d'une visite au Pays de Galles mardi, première étape d'une tournée du Royaume-Uni pour faire le service après-vente de l'accord, menacé d'être retoqué par des députés très sceptiques lors d'un vote le 11 décembre.
"La déclaration politique" sur la future relation avec l'UE, jointe à l'accord de retrait, "établit clairement que nous aurons une politique commerciale indépendante et que nous pourrons négocier des accords commerciaux avec des pays dans le reste du monde", a-t-elle assuré.
En ce qui concerne les Etats-Unis, un groupe de travail "qui marche très bien" a été mis en place et des discussions sont en cours également avec d'autres pays, asiatiques notamment, selon elle.
Débat télévisé
Donald Trump n'en est pas à son coup d'essai: il a déjà plusieurs fois vanté les mérites d'un Brexit dur par le passé et, selon des diplomates, il ne manque pas une occasion, en privé, de pourfendre l'UE, symbole d'un monde multilatéral qu'il dénonce.
Ses propos, qui ont fait baisser la livre mardi, tombent au plus mauvais moment pour Theresa May, engagée dans une offensive à marche forcée destinée à convaincre que l'accord de divorce est le "meilleur possible" pour son pays. Ils compliquent encore plus son travail de persuasion, tant des Brexiters craignant un amarrage illimité du Royaume-Uni avec l'UE que des europhiles, qui voient peu d'intérêt à rendre la carte de membre du club européen.
Le compromis, conclu après 17 mois de négociations laborieuses, prévoit une période de transition initiale de 21 mois après le Brexit, au cours de laquelle quasiment rien ne changera entre les deux partenaires. Ensuite, le Royaume-Uni restera dans une union douanière avec l'UE si une nouvelle relation commerciale n'est pas mise en place.
Mme May s'est dite prête aussi à affronter le leader de l'opposition travailliste lors d'un débat télévisé, qui pourrait se tenir le 9 décembre. "Je suis prête à débattre avec Jeremy Corbyn parce que j'ai un plan. Il n'a pas de plan", a-t-elle dit au tabloïd The Sun.
M. Corbyn, pour qui l'accord est un "acte d'automutilation national", est désireux de donner suite à l'invitation, selon un porte-parole du Labour.
"Intérêt national"
Avant sa tournée, qui doit la mener également en Irlande du Nord, Theresa May avait longuement défendu le texte lundi devant une chambre des Communes très remontée.
"Il est important que les députés pensent à l'intérêt national quand ils voteront", a répété la dirigeante conservatrice mardi.
Mme May ne dispose que d'une courte majorité d'une dizaine de voix. Or, son allié nord-irlandais, le parti unioniste DUP, s'oppose à l'accord, comme quelque 80 députés conservateurs favorables à un Brexit dur, les travaillistes, les députés écossais indépendantistes et les europhiles du petit parti des Libéraux-démocrates.
Signe de ses difficultés, l'un de ses fidèles, l'ancien ministre de la Défense Michael Fallon, a dit mardi sur la BBC qu'il voterait contre cet accord "voué à l'échec".
Reflétant les divisions du pays sur le Brexit, plus de 150 jeunes manifestants se sont regroupés dans l'entrée de la chambre des Communes mardi pour réclamer un second référendum sur le Brexit, tandis que le groupe pro-Brexit "Leave Means Leave" a présenté une nouvelle campagne d'affichage dénonçant "le pire accord de l'histoire".
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