Lors d'un discours à l'Élysée pour la présentation de la programmation pluriannuelle de l'énergie, le chef de l'État a en outre annoncé une "grande concertation de terrain sur la transition écologique et sociale", rassemblant associations, élus et "représentants des gilets jaunes" pour, "dans les trois mois qui viennent", élaborer des "méthodes d'accompagnement".
"Fin du monde" ou "fin du mois", "nous allons traiter les deux, et nous devons traiter les deux", a-t-il assuré dans une référence à la nécessité de concilier les enjeux climatiques et sociaux pointée par l'ex-ministre de la Transition écologique, Nicolas Hulot.
"Nous devons entendre les protestations d'alarme sociale" mais "sans renoncer à nos responsabilités", car "il y a aussi une alarme environnementale", a-t-il insisté.
Car "vouloir en quelque sorte traiter l'urgence sociale en renonçant à toute ambition environnementale et énergétique, c'est installer nos concitoyens les plus fragiles, nos travailleurs les plus modestes, dans la situation où collectivement progressivement, insensiblement, nous les avons plongés depuis des décennies", a jugé M. Macron.
Pas "à n'importe quel prix"
En pleine contestation des "gilets jaunes" contre la perte de pouvoir d'achat et la hausse des taxes sur les carburants, il a ainsi annoncé que leur fiscalité serait adaptée aux fluctuations des prix afin de se "mettre à l'abri" des envolées des cours mondiaux.
Il faut "rendre plus intelligente cette taxe aveugle", a-t-il dit: "je refuse que s'installe une France à deux vitesses", "que la transition écologique accentue les inégalités entre territoires et rendent plus difficile encore la situation" des Français habitant en zones rurale ou périurbaine.
Selon l'Élysée, en cas de surchauffe des prix sur les marchés mondiaux, la hausse prévue de la fiscalité sur les carburants serait mise partiellement ou totalement entre parenthèse le temps de ce pic. C'est le gouvernement qui pourra en prendre la décision, précise Matignon.
La transition énergétique ne doit pas se faire à "n'importe quel prix", a insisté M. Macron.
"Ceux qui disent que ce sont, au fond, toujours les mêmes qui font les efforts", "ont raison", a-t-il ajouté, fustigeant "quarante ans de petites décisions" et les discours incitant "depuis des années" les Français à s'installer en périphérie des villes ou à rouler au diesel.
Assurant par ailleurs ne pas "confondre" les casseurs avec "la manifestation sur laquelle ils se sont greffés", il a affirmé "comprendre" et "partager" la "crainte exprimée par nombre de nos concitoyens ces derniers jours: être laissés pour compte, payer la transition énergétique sans en bénéficier".
Cette France qui a "peur des changements", "c'est une France à qui on a demandé beaucoup", et "on ne peut pas considérer que les changements à venir, on les fera malgré elle ou sans elle".
Au-delà de la transition environnementale, il y a donc aussi "les choix que nous aurons à faire plus largement pour rebâtir ce contrat social du siècle nouveau", avec "une plus grande efficacité de l'action publique" et l'objectif de "réussir à avoir un meilleur service public, à avoir une meilleure réponse à leurs aspirations, en dépensant moins, et donc en pouvant plus rapidement baisser leurs impôts et leurs taxes".
L'Élysée a précisé dans le sillage du discours du chef de l'État que le ministre de la Transition écologique François de Rugy recevrait mardi après-midi des représentants des "gilets jaunes", à la demande d'Emmanuel Macron.
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