M. Trump n'en est pas à son coup d'essai: il a déjà plusieurs fois vanté les mérites d'un Brexit dur par le passé et, selon des diplomates, il ne manque pas une occasion, en privé, de pourfendre l'UE, symbole d'un monde multilatéral qu'il dénonce.
Lundi, il a prévenu que l'accord tel qu'il a été été conclu avec l'UE pourrait nuire aux échanges commerciaux entre Washington et Londres, qui mise beaucoup sur un accord de libre-échange avec son allié américain.
"Cela semble être un très bon accord pour l'UE", a-t-il confié à des journalistes depuis la Maison Blanche. "Nous devons sérieusement regarder si le Royaume-Uni est autorisé ou non à faire du commerce".
"Si vous regardez l'accord, ils pourraient ne pas être autorisés à faire du commerce avec nous et ça ne serait pas une bonne chose", a insisté le milliardaire républicain. "Ce serait un point très négatif pour l'accord", a-t-il ajouté, espérant que Theresa May "sera en mesure de faire quelque chose à ce sujet".
Débat télévisé
L'accord de divorce, conclu dimanche après 17 mois de négociations difficiles, prévoit une période de transition initiale de 21 mois après le Brexit, au cours de laquelle quasiment rien ne changera entre les deux partenaires. Ensuite, le Royaume-Uni restera dans une union douanière avec l'UE si une nouvelle relation commerciale n'est pas mise en place.
Downing Street a rétorqué à Donald Trump que le Royaume-Uni serait libre de conclure ses propres accords commerciaux avec des pays tiers, grâce à "une politique commerciale indépendante". "Nous avons déjà jeté les bases d'un accord ambitieux avec les Etats-Unis", a assuré un porte-parole.
Il n'empêche, ces propos de M. Trump tombent au plus mauvais moment pour la Première ministre Theresa May, engagée dans une offensive à marche forcée destinée à convaincre que l'accord est le "meilleur possible" avant son vote le 11 décembre par des députés très sceptiques, qui risquent fort de le recaler.
Elle a entamé mardi une grande tournée dans le pays pour séduire ses concitoyens dans l'espoir qu'ils fassent pression sur leurs députés, en commençant par le Pays de Galles et l'Irlande du Nord. Et elle s'est dite prête à affronter le leader de l'opposition travailliste lors d'un débat télévisé qui pourrait se tenir le 9 décembre.
"Je vais expliquer pourquoi je pense que cet accord est le bon accord pour le Royaume-Uni", a-t-elle dit au tabloïd The Sun. "Je suis prête à débattre avec Jeremy Corbyn parce que j'ai un plan. Il n'a pas de plan".
Selon un porte-parole du Labour, M. Corbyn est désireux de donner suite à l'invitation, après avoir qualifié l'accord d'"acte d'automutilation national".
"Voué à l'échec"
Les déclarations de Donald Trump, qui faisaient baisser la livre mardi, vont donner du grain à moudre aux Brexiters purs et durs, de quoi compliquer encore plus la tâche de persuasion de Theresa May.
La dirigeante conservatrice ne dispose que d'une courte majorité d'une dizaine de voix à la chambre des Communes. Or, son allié nord-irlandais, le parti unioniste DUP, s'oppose à l'accord, comme quelque 80 députés conservateurs favorables à un Brexit dur, les travaillistes, les députés écossais indépendantistes et les europhiles du petit parti des Libéraux-démocrates.
Signe de ses difficultés, l'un de ses fidèles, l'ancien ministre de la Défense Michael Fallon, a dit mardi sur la BBC qu'il voterait contre cet accord "voué à l'échec".
En juillet déjà, lors de sa première visite officielle au Royaume-Uni, Donald Trump avait stupéfié les Britanniques en assurant que la volonté de Londres de privilégier une relation étroite avec l'UE tuerait "probablement" la possibilité de conclure un accord de libre-échange avec les Etats-Unis après le Brexit. Avant de revenir sur ses propos le lendemain et d'afficher sa volonté de parvenir à un accord "formidable" avec les Britanniques.
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