Il s'agit de la première confrontation ouverte entre Moscou et Kiev depuis l'annexion de la péninsule ukrainienne de Crimée par la Russie en 2014 et l'éclatement d'un conflit armé dans l'Est de l'Ukraine entre forces ukrainiennes et séparatistes prorusses qui a fait depuis plus de 10.000 morts.
Le Parlement ukrainien a voté lundi soir l'introduction de la loi martiale dans les régions frontalières de l'Ukraine après que la Russie avait capturé dimanche trois navires ukrainiens au large de la Crimée et fait prisonniers la vingtaine de marins à leur bord.
Dans une allocution télévisée à la nation, le président ukrainien Petro Porochenko a justifié cette initiative, sans précédent depuis l'indépendance de cette ex-république soviétique en 1991, par "la menace extrêmement élevée" d'une offensive terrestre russe.
La Russie, qui assure avoir agi "en stricte conformité avec le droit international", accuse pour sa part les navires ukrainiens -- deux vedettes et un remorqueur -- d'être entrés illégalement dans les eaux territoriales russes au large de la Crimée et dénonce une "provocation" de Kiev.
La diplomatie russe, qui a convoqué lundi le chargé d'affaires ukrainien à Moscou, a accusé Kiev de "créer un prétexte pour renforcer les sanctions" occidentales contre la Russie, déjà en place depuis 2014.
'Sérieuse préoccupation'
Pour sa part, le président russe Vladimir Poutine s'est entretenu au téléphone dans la nuit de lundi à mardi avec la chancelière allemande Angela Merkel, en lui faisant part d'une "sérieuse préoccupation" de Moscou en raison de l'introduction de la loi martiale en Ukraine.
M. Poutine a dénoncé devant la chancelière des "actions de provocation de la partie ukrainienne et une violation grossière des normes du droit international par ses navires militaires" et a "dit espérer que Berlin pourra influencer les autorités ukrainiennes afin de les dissuader des actes ultérieurs irréfléchis", selon un communiqué du Kremlin.
La loi martiale, qui entrera en vigueur mercredi matin en Ukraine dans une dizaine de régions frontalières, notamment de la Russie, du Bélarus et du côté de la mer d'Azov, va permettre pendant un mois aux autorités ukrainiennes de mobiliser ses citoyens, de réguler les médias et de limiter des rassemblements publics.
L'incident entre des gardes-côtes russes, qui dépendent des services de sécurité (FSB), et les navires ukrainiens est survenu en mer Noire dimanche soir lorsque ces navires tentaient de pénétrer le détroit de Kertch pour entrer dans la mer d'Azov, cruciale pour les exportations de céréales ou d'acier produits dans l'est de l'Ukraine.
Il a fait plusieurs blessés parmi les Ukrainiens -- six selon Kiev, trois selon Moscou-- suscitant un tollé en Ukraine et chez ses alliés occidentaux.
'Très grave'
L'ambassadrice américaine à l'ONU, Nikki Haley, a dénoncé lundi lors d'une réunion d'urgence du Conseil de sécurité une action "illégale" de la Russie, qui rend "impossible" une "relation normale" entre Washington et Moscou.
"On n'aime pas ce qui se passe", a commenté le président américain Donald Trump. "Nous travaillons là-dessus" avec les Européens.
"Ce qui s'est passé hier est très grave", a estimé le secrétaire général de l'Otan Jens Stoltenberg.
"Rien ne paraît justifier cet emploi de la force par la Russie", a déclaré de son côté un porte-parole de la diplomatie française, Londres condamnant "l'acte d'agression" de la Russie.
Ces incidents russo-ukrainiens ne sont que la dernière étape d'une lente montée des tensions autour du détroit de Kertch qui sépare la péninsule de Crimée, annexée en 2014 par Moscou, de la Russie.
La Russie revendique le contrôle de ce détroit, unique passage maritime reliant la mer Noire à celle d'Azov.
Moscou a d'ailleurs construit un pont reliant la Russie et la péninsule, inauguré en grande pompe en mai par Vladimir Poutine.
Kiev et les Occidentaux ont régulièrement accusé ces derniers mois la Russie d'"entraver" délibérément la navigation des navires commerciaux entre la mer Noire et la mer d'Azov.
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