Cet incident a poussé le président Donald Trump à menacer de fermer de façon permanente la frontière, un axe commercial majeur.
"Quarante-deux personnes ont franchi la frontière et ont été arrêtées. Et, pour être honnête, de nombreuses (autres) personnes ont réussi à traverser la frontière (sans se faire arrêter)", a déclaré sur la chaîne de télévision CNN Rodney Scott, responsable de la police aux frontières.
Côté mexicain, 98 migrants, pour la plupart des Honduriens, ont été arrêtés et renvoyés vers leur pays d'origine, a annoncé lundi à la chaîne Televisa Gerardo Garcia Benavente, le chef du service des migrations (INM).
Dimanche, quelque 500 ressortissants de pays d'Amérique centrale, parmi lesquels des femmes et des enfants, qui participaient à une manifestation pacifique aux abords de la frontière, se sont subitement dirigés vers la barrière métallique délimitant la frontière pour tenter de passer illégalement de l'autre côté.
"Le coeur et l'espérance détruits"
Après avoir franchi cette première clôture rouillée, ils ont finalement été repoussés par les forces de l'ordre américaines qui ont fait usage de gaz lacrymogène, avant d'avoir pu atteindre une deuxième barrière, surmontée de barbelés, derrière laquelle les gardes-frontières américains s'étaient déployés.
Survolés par des hélicoptères à basse altitude, les migrants ont dû se résigner à rebrousser chemin et à retourner dans le centre sportif où s'entassent depuis une semaine quelque 5.000 migrants de la caravane.
Le Mexique a demandé aux Etats-Unis, dans une note diplomatique, de "mener une enquête approfondie sur les événements au cours desquels des armes non létales américaines ont été utilisées".
Le retour de ces migrants aux vêtements déchirés ou couverts de terre après leur tentative, effrayés pour beaucoup par la réaction américaine, a fortement découragé l'ensemble de la caravane.
"Nous avons le coeur et l'espérance détruits. Nous avions cru que nous étions arrivés aux Etats-Unis, qu'ils nous accorderaient l'asile", a commenté Andy Colon, une Hondurienne de 20 ans qui voyage avec sa soeur et deux enfants.
"Maintenant, on ressent une déception, mais grâce à Dieu nous sommes vivants. Nous n'avons pas d'autre choix que de rester dans ce refuge et de chercher (au Mexique) une vie, un travail, une maison", a-t-elle dit.
Ces migrants centraméricains étaient partis ensemble le 13 octobre du Honduras et avaient parcouru plus de 4.000 kilomètres pour fuir la violence et la pauvreté dans leur pays, comptant sur leur nombre pour garantir leur sécurité et franchir les obstacles.
Colère grandissante
Un Hondurien, qui au fil des semaines avait gagné une certaine influence au sein du cortège et pouvait mobiliser les migrants, est retourné au refuge en pleurant, après l'échec de leur intrusion, et se montrait désormais inquiet pour sa propre sécurité.
"On m'a dit que ceux d'ici (les habitants de Tijuana) m'avaient identifié et qu'ils me cherchaient pour me tuer. La seule chose que je veux maintenant, c'est retourner au Honduras", a-t-il confié à l'AFP sous le couvert de l'anonymat.
"Aujourd'hui (lundi) nous avons eu beaucoup plus de personnes" qui ont demandé un rapatriement volontaire que les jours précédents, a relevé Juan de Dios Chavarín, agent de liaison de l'Organisation internationale des migrations (OIM) à Tijuana.
La colère de certains groupes de commerçants et de transporteurs de Tijuana s'est accentuée dimanche avec la fermeture provisoire de la frontière qui a limité les échanges commerciaux entre les deux villes et porté préjudice à leur activité.
La frontière à San Diego a finalement été rouverte en fin de journée par les autorités américaines après plusieurs heures de fermeture.
"Nous allons appliquer la tolérance zéro car la police fédérale est dépassée", a commenté auprès de l'AFP sous le couvert de l'anonymat un responsable de la police locale.
La mobilisation des forces de police fédérale pour arrêter certains migrants au sein même du refuge semble toutefois peu probable à moins d'une semaine d'un changement de gouvernement et de l'entrée dans ses fonctions du nouveau président Andres Manuel Lopez Obrador qui héritera dès son premier jour d'une crise migratoire.
Donald Trump a récemment pris un décret pour automatiquement rejeter les demandes d'asile déposées par des personnes entrées illégalement aux Etats-Unis, mais la justice a pour l'heure bloqué cette mesure.
"Le Mexique devrait renvoyer les migrants, dont beaucoup sont des criminels endurcis, dans leur pays. Que ce soit fait en avion, en car ou de n'importe quelle façon, mais ils n'entreront PAS aux Etats-Unis. Si besoin est, nous allons fermer la frontière de façon permanente. Le Congrès, financez le MUR !", a-t-il écrit sur Twitter.
M. Trump fait également pression sur les autorités mexicaines pour que ces migrants restent au Mexique le temps que leurs demandes d'asile soient étudiées aux Etats-Unis.
Selon le Washington Post, un accord en ce sens a été trouvé entre l'équipe d'Andres Manuel Lopez Obrador - qui prendra ses fonctions le 1er décembre - et le gouvernement américain.
La conclusion d'un tel accord avec Mexico, saluée par M. Trump, a été démentie par l'équipe du nouveau président mexicain.
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