Souvent à l'écart des "gilets jaunes", des défilés dans une cinquantaine de villes en France se sont parés de violet, couleur choisie par le mouvement #NousToutes pour ces marches organisées à la veille de la journée internationale pour l'élimination des violences faites aux femmes.
Des manifestations comparables ont eu lieu dans des métropoles européennes, notamment Rome, Athènes et Genève.
"La lutte contre les violences faites aux femmes progresse chaque jour mais notre société part de loin: chacun doit agir et lutter car c'est l'affaire de tous!", a tweeté le président Emmanuel Macron avec le hashtag #NousToutes.
"C'est la plus grosse mobilisation (féministe) qu'on ait connue en France", s'est félicitée son instigatrice, Caroline De Haas, annonçant 50.000 personnes dans les rues, dont 30.000 à Paris. L'an dernier, 2.000 avaient battu le pavé parisien, de source policière.
Samedi, la police et les préfectures ont annoncé 12.000 manifestants à Paris entre Opéra et République, 2.400 à Lyon, 1.500 à Marseille, 950 à Rennes, 900 en deux cortèges à Nantes, 600 à Toulouse...
La secrétaire d'Etat à l'Égalité femmes-hommes Marlène Schiappa a "salué" sur Twitter cette "grande manifestation (...) qui doit être vue et entendue", se disant "mobilisée sans relâche".
La plateforme de signalement en ligne des violences sexistes et sexuelles promise depuis un an sera d'ailleurs lancée mardi, a annoncé dimanche Edouard Philippe.
"C'est le premier des jalons, technique et politique, pour éradiquer" ces violences, a fait valoir le Premier ministre dans une tribune publiée sur le réseau social Facebook. "Désormais quelques clics peuvent aider chacune à prendre un nouveau départ: pour soi, pour sa famille. Et peut-être pour éviter le pire", a-t-il insisté.
Samedi, beaucoup de manifestants arboraient des pancartes "Ras le viol", réclamant la fin de "l'impunité des agresseurs" et "des moyens financiers suffisants" pour lutter contre ces violences.
"Je suis là pour soutenir toutes les victimes et continuer ce combat qui a commencé bien avant moi", a déclaré dans le cortège parisien la comédienne Muriel Robin, qui avait réuni plus d'un millier de femmes à Paris en octobre contre les violences conjugales.
De Rennes à Lyon et Toulouse, les cortèges étaient composés en majorité de femmes de toutes générations, mais aussi d'hommes. Pour Tanguy, un étudiant rennais de 19 ans, "c'est un mouvement qui n'a pas de sexe".
Rirette, 84 ans, est venue manifester à Lyon pour "l'égalité des salaires, des droits et des comportements sexuels". "Le non-consentement est une chose horrible et c'est jugé (par les tribunaux) de manière trop laxiste", a-t-elle dénoncé.
"La rue est à nous toutes"
"Le sexisme tue", "la rue est à nous toutes", "un non est un non", pouvait-on lire sur les pancartes lilloises, à côté de drapeaux de mouvements politiques (Générations, EELV) ou syndicaux (CGT et Sud).
A Toulouse, la manifestation a chanté d'une seule voix plusieurs slogans soigneusement préparés: "Fières, +vénères+, pas prêtes à se taire!", "Liberté, égalité, sororité", "Ta main sur mon cul, ma main dans ta gueule"...
Né en septembre et appuyé par plusieurs associations, le mouvement #NousToutes entendait "passer du témoignage à l'action" un an après #MeToo, qui a fait bondir de 23% le nombre de cas de violences sexuelles signalées à la police.
En France, en 2016, 123 femmes ont été tuées par leur conjoint ou ex-compagnon, soit environ une tous les trois jours. Chaque année, près de 220.000 femmes subissent des violences de la part de leur conjoint ou ex-compagnon, selon des chiffres 2017 officiels. En outre, plus de 250 femmes sont violées chaque jour, et une sur trois a déjà été harcelée ou agressée sexuellement au travail.
Il y a un an, Emmanuel Macron avait décrété l'égalité femmes/hommes "grande cause du quinquennat", lors d'un discours à l'Élysée.
Mais "s'il n'y a pas d'argent, les politiques publiques ne suivront pas", a alerté Caroline De Haas. Les fonds consacrés à aider les femmes victimes de violences conjugales devraient être portés à au moins 506 millions d'euros par an, contre 79 aujourd'hui, ont plaidé cette semaine cinq organisations, dont le Conseil économique, social et environnemental (CESE).
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