"Pour l'instant, nous avons trouvé un accord sur cette politique +Rester au Mexique+", a affirmé au Washington Post Olga Sanchez Cordero, la ministre de l'Intérieur du gouvernement du président élu Andres Manuel Lopez Obrador, qui prend ses fonctions le 1er décembre.
Citée dans un article du quotidien américain, elle a évoqué une "solution de court terme". "La solution de moyen et long termes, c'est que les gens cessent de migrer", a-t-elle ajouté.
"Le Mexique a les bras ouverts et tout ce qu'il faut, mais imaginez, caravane après caravane après caravane, ce serait aussi un problème pour nous", a-t-elle souligné.
Une "caravane" de milliers de migrants, essentiellement des Honduriens qui ont quitté leur pays d'Amérique centrale mi-octobre pour fuir la violence et la pauvreté, a commencé à arriver à la frontière américaine. Donald Trump, qui a massé des milliers de militaires à la frontière avec le Mexique, a menacé de la fermer totalement si la situation devait dégénérer.
Multipliant les annonces, il a aussi pris un décret pour rejeter automatiquement les demandes d'asile déposées par des personnes entrées illégalement aux Etats-Unis, mais la justice a pour l'heure bloqué cette mesure, provoquant l'ire du milliardaire républicain.
Rencontre discrète
Un tel accord avec Mexico, s'il est confirmé, serait donc une victoire pour le président des Etats-Unis qui a fait de la fermeté face aux migrants une de ses priorités. Ce serait aussi un tournant dans les relations entre les deux pays voisins, envenimées depuis l'élection de Donald Trump par sa promesse de bâtir un mur antimigrants à la frontière, et sa demande initiale d'en faire payer le coût à l'Etat mexicain.
Le Washington Post souligne que la Maison Blanche n'a pas réagi dans l'immédiat, et que l'accord n'a pas encore été formellement signé dans l'attente de sa finalisation, plusieurs détails restant à négocier.
Interrogé par l'AFP, le département d'Etat américain n'a pas non plus réagi dans l'immédiat. La semaine dernière, le chef de la diplomatie américaine Mike Pompeo s'était discrètement entretenu avec son futur homologue mexicain Marcelo Ebrard à Houston, au Texas, en compagnie de la ministre américaine à la Sécurité intérieure Kirstjen Nielsen.
"Nous avons affirmé notre engagement partagé à faire face à ce défi. Les caravanes ne seront pas autorisées à entrer aux Etats-Unis", a déclaré Mike Pompeo dans un court communiqué publié jeudi, une semaine après cet entretien à huis clos.
Il a promis en contrepartie de travailler avec les nouvelles autorités mexicaines pour "développer les créations d'emploi dans la région, y compris dans le sud du Mexique, au bénéfice du gouvernement et du peuple mexicains".
Selon le Washington Post, l'accord américano-mexicain prévoit que les demandeurs d'asile qui arrivent à la frontière auront un entretien préliminaire pour déterminer si rester au Mexique représente un danger immédiat pour eux. Ils devront ensuite attendre côté mexicain jusqu'à l'audience devant un juge américain de l'immigration, à laquelle ils seront autorisés à se rendre sous la garde d'officiers américains.
Si le juge ne parvient pas à une décision immédiate, ils devront retourner au Mexique en attendant le verdict. Et s'il refuse l'asile, ils ne pourront au contraire pas retourner au Mexique mais seront placés en rétention aux Etats-Unis en attendant leur expulsion rapide vers leur pays d'origine, rapporte le quotidien.
"Laisser les demandeurs d'asile bloqués au Mexique les mettra en danger", a commenté auprès de l'AFP Lee Gelernt, avocat au sein de la puissante organisation de défense des droits civiques ACLU. "L'administration Trump devrait se concentrer sur les moyens de fournir une procédure de demande d'asile équitable et légale aux Etats-Unis plutôt que de chercher de nouveaux moyens pour l'affaiblir."
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