A l'écart des "gilets jaunes", les défilés, prévus dans une cinquantaine de villes (Paris, Marseille, Lyon, Toulouse, Lille, Nantes...), pourraient se parer de violet, couleur choisie par le mouvement #NousToutes.
"Cette mobilisation est inédite" dans son ampleur, a souligné samedi matin sur France Inter Caroline De Haas, une des instigatrices de ces marches féministes.
"D'habitude", à l'occasion de la Journée internationale pour l'élimination des violences faites aux femmes (25 novembre), "on est quelques centaines, quelques milliers. Là on va être partout en France des dizaines de milliers de personnes", a poursuivi la militante féministe.
À Paris, les féministes - femmes et hommes - défileront à partir de 14H00, d'Opéra à République, pour réclamer la fin de "l'impunité des agresseurs", ainsi que "des mesures ambitieuses et des moyens financiers suffisants pour que l'action publique mette la lutte contre les violences en top des priorités".
Né en septembre et appuyé par plusieurs associations, le mouvement #NousToutes entend "passer du témoignage à l'action", un an après #MeToo, qui a fait bondir de 23% le nombre de cas de violences sexuelles signalées à la police, et six semaines après la mobilisation d'un millier de femmes à Paris autour de Muriel Robin. La comédienne sera d'ailleurs de nouveau dans la rue samedi, aux côtés d'autres actrices comme Eva Darlan et Vanessa Demouy ou de la responsable CGT Sophie Binet.
En France, en 2016, 123 femmes ont été tuées par leur conjoint ou ex-compagnon, soit environ une tous les trois jours. Chaque année, près de 220.000 femmes subissent des violences de la part de leur conjoint ou ex-compagnon, selon des chiffres 2017 officiels. En outre, plus de 250 femmes sont violées chaque jour, et une sur trois a déjà été harcelée ou agressée sexuellement au travail. "Dans toutes les sphères de la société, les femmes sont victimes de sexisme et de violences sexuelles", fait valoir Caroline De Haas.
Il y a un an, le président Emmanuel Macron avait décrété l'égalité femmes/hommes "grande cause du quinquennat", lors d'un discours à l'Élysée.
Mais "s'il n'y a pas d'argent, les politiques publiques ne suivront pas", a prévenu Caroline De Haas. "En Espagne, ils ont sorti un milliard d'euros supplémentaire en cinq ans pour en finir avec les violences. En France, il faudrait deux milliards", a-t-elle estimé.
Les fonds consacrés à l'aide aux femmes victimes de violences conjugales devraient être portés à au moins 506 millions d'euros par an, contre 79 millions d'euros aujourd'hui, ont plaidé jeudi cinq organisations, dont la Fondation des femmes, le Haut Conseil à l'égalité entre les femmes et les hommes (HCE) et le Conseil économique, social et environnemental (CESE).
"Petit espace non-mixte"
Des centaines de personnalités, de syndicalistes et de femmes journalistes ont annoncé dans des tribunes se joindre au mouvement de samedi.
La lutte contre les violences faites aux femmes mobilise aussi des hommes. Une dizaine de célébrités masculines, dont les comédiens Philippe Katerine et Manu Payet ou l'humoriste Guillaume Meurice, ont participé à une vidéo diffusée depuis vendredi sur les réseaux sociaux. Dans ce clip, ils s'interrogent sur la manière dont les hommes réagiraient s'ils vivaient dans un monde où des violences sexuelles étaient couramment commises à leur encontre par des femmes.
La démarche vise à amener les hommes à s'interroger sur la manière "toxique" dont certains vivent leur masculinité, explique la militante de #NousToutes Christelle Delarue. "Lorsqu'on évoque les violences faites aux femmes, on parle rarement des hommes auteurs de ces violences. C'est aussi le rôle des hommes de s'engager sur ces questions-là", ajoute-t-elle.
La gent masculine sera cependant exclue d'un "petit espace non-mixte" pour rassurer des "femmes victimes de violences diverses qui ne se sentaient pas à l'aise à l'idée de défiler avec des hommes autour d'elles", selon Marion Schaefer, coorganisatrice de #NousToutes. L'initiative a été critiquée sur les réseaux sociaux, y compris par des militantes féministes.
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