Au moment où l'ex-ministre Nicolas Hulot sortait de son silence sur France 2 pour juger que cette crise était "évitable", l'Elysée annonçait que le chef de l'Etat exposerait mardi ses choix en matière d'énergie, notamment sur le nucléaire, pour élaborer la très attendue future Programmation pluriannuelle de l'énergie (PPE) au 1er semestre 2019.
Pour répondre aux "gilets jaunes" comme aux propositions de certains syndicats d'ouvrir des négociations sociales, il va aussi "donner le cap sur la transition écologique", devant les membres du Conseil national de la transition écologique (CNTE), composé d'élus, de syndicats, d'ONG et d'associations.
Objectif: la rendre "acceptable", a expliqué l'Elysée à l'AFP, alors que l'exécutif s'est appliqué ces derniers jours à démontrer qu'il gardait "le cap", au risque d'être taxé d'inflexible par les oppositions.
"Nous avons reçu le message des citoyens. Il nous invite à aller plus loin. Pour qu'elle ne soit pas socialement inacceptable, il faut que la transition écologique, qui est nécessaire, soit juste, équitable et démocratique", fait valoir la présidence.
Les revendications des "gilets jaunes" constituent "un signal dont on tient compte", a insisté vendredi le porte-parole du gouvernement Benjamin Griveaux, en rappelant aussi les mesures déjà annoncées mi-novembre.
Énergie et mobilité
Concrètement, le président devrait dévoiler de nouvelles mesures d'aide, l'ouverture de négociations, y compris éventuellement sur les taxes écologiques, ainsi qu'une méthode, un "pacte social" et des négociations territoriales.
Partout "les citoyens doivent s'emparer" du débat, a plaidé vendredi Jacqueline Gourault, la ministre de la Cohésion des territoires.
L'amélioration énergétique des bâtiments et les nouvelles mobilités devraient être particulièrement concernées.
Les mesures décidées au terme de cette vaste concertation pourront être intégrées dans la loi sur les mobilités, en février au parlement, ou dans la PPE.
Ce projet de loi sur les mobilités, qui prévoit une programmation budgétaire avec 500 millions d'euros par an à trouver à partir de 2020, sera, lui, dévoilé lundi en conseil des ministres. Mais sur le sujet d'une vignette poids lourds, qui n'est pas inclue dans ce projet de loi, le gouvernement veut encore "prendre le temps de réfléchir", comme il le dit depuis plusieurs semaines.
La perspective de ces annonces va-t-elle démobiliser les "gilets jaunes", appelés à manifester à Paris samedi ?
Sur les réseaux sociaux, 30.000 personnes se disent prêtes à participer, sans assurance toutefois qu'elles le feront effectivement, a noté le préfet de police Michel Delpuech vendredi.
Le mouvement, dont le mode d'action divise les Français (52% contre, 46% pour selon un sondage BVA vendredi pour Orange, RTL et La Tribune) mais dont les revendications sont approuvées, marque le pas après sept jours de mobilisation qui ont entraîné des milliers de blocages de routes, mais aussi fait deux morts et des centaines de blessés.
De 290.000 manifestants dans toute la France le samedi 17 novembre, les décomptes du ministère de l'Intérieur sont passés à quelques milliers en cette fin de semaine, et La Réunion, secouée en début de semaine par une flambée de violences, a connu sa deuxième nuit relativement calme.
Pour autant, les pouvoirs publics restent sur leurs gardes, car si dans un souci de sécurité le ministère de l'Intérieur a préconisé que les manifestants se réunissent samedi sur l'esplanade du Champ-de-Mars, près de la Tour Eiffel, certains rejettent cette hypothèse.
"Jusqu'à l'Elysée"
Priscillia Ludosky, une des personnes à l'initiative du mouvement en région parisienne, a évoqué un rassemblement "au cœur de Paris, très certainement au niveau des Champs-Elysées".
La présidente du Rassemblement national Marine Le Pen, qui ce samedi encore ne rejoindra pas les manifestants, a enfoncé le clou en suggérant aussi les Champs-Elysées comme lieu de rassemblement.
Quoi qu'il en soit, Philippe, agent EDF de 42 ans à Dax, ira manifester à Paris, "parce que rester sur nos petits barrages filtrants, finalement, ça embête plus les automobilistes que le gouvernement", dit-il à l'AFP.
Vendredi matin, quelques barrages, filtrants pour la grande majorité, et rassemblements persistaient sur certains axes routiers et autour de zones d'activités, notamment dans les régions Bretagne, Centre-Val de Loire, Nouvelle Aquitaine et Provence Alpes-Côte d'Azur.
Dans le Grand Est, le site PSA de Mulhouse, bloqué dans la nuit, a été libéré par les gendarmes. Par ailleurs, trois personnes se revendiquant comme des "gilets jaunes" ont été interpellées dans la nuit en banlieue toulousaine en flagrant délit de dégradation d'un radar automatique.
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