Très attendu sur ce sujet, l'ancien ministre de la Transition écologique qui plaide depuis des années pour l'augmentation de la fiscalité écologique, a défendu sur France 2 la hausse de la taxe carbone dénoncée par les "gilets jaunes". Mais "il faut un accompagnement social digne de ce nom", a-t-il insisté.
"Je me suis battu, et notamment les semaines qui ont précédé mon départ, pour qu'on change complètement d'échelle dans l'accompagnement social de la transition énergétique et écologique, avec des propositions concrètes", a-t-il déclaré, confronté aux revendications d'un "gilet jaune" en duplex depuis Saint-Brieuc.
"Je n'ai pas été entendu. On m'a opposé des raisons budgétaires, j'en ai tiré les leçons", a ajouté un Nicolas Hulot très remonté sur le plateau de l'Emission politique. "J'aurais préféré effectivement ne pas avoir eu raison sur le risque d'emballement que l'on connaît".
Alors que l'ancien animateur télé s'était dit soucieux de ne rien faire pour "nuire à ce gouvernement" lors de l'annonce de sa démission, il a botté en touche sur les questions l'incitant à critiquer directement le président Emmanuel Macron. Celui-ci doit annoncer mardi des mesures pour rendre la transitioin écologique plus "acceptable et démocratique".
"la fin du monde"
"Ce qui m'intéresse, ce n'est pas ce qu'on n'a pas fait hier, mais ce qu'on peut faire ensemble, aujourd'hui", a notamment déclaré l'ex-ministre, assurant ne pas regretter sa démission qui, selon lui, a "provoqué une forme de sursaut".
"Non, aucun regret, mais une tristesse car j'avais beaucoup d'espoir dans cette diversité gouvernementale, je trouvais que c'était un gage de succès", a noté celui qui est redevenu la personnalité politique préférée des Français selon des sondages.
Au-delà des "gilets jaunes", les sujets d'actualité liés aux combats de Nicolas Hulot ne manquaient pas, notamment la feuille de route énergétique de la France pour les dix ans à venir qui doit être présentée par le gouvernement prochainement.
Alors que les défenseurs de l'environnement lui avaient reproché d'avoir annoncé à l'automne 2017 le report de l'objectif de ramener la part du nucléaire dans la production d'électricité à 50% en 2025, il a assumé à nouveau cette décision.
Le passage de 2025 à 2035, "je l'assume car on avait pris trop de retard, et sauf à se mettre dans des problèmes de sécurité d'approvisionnement, ce n'était pas jouable", a-t-il encore dit.
Alors que plusieurs scénarios sont sur la table, il a plaidé pour la fermeture de six réacteurs nucléaires d'ici 2028 en plus des deux de Fessenheim. "Le 50% de nucléaire n'est pas remis en cause, et pour moi c'est un marqueur important".
A deux semaines de l'ouverture de la 24e conférence de l'ONU sur le climat (COP24), il a enfin appelé à être "préoccupé par un sujet qui s'appelle la fin du monde".
Malgré ce retour médiatique et politique, il a assuré qu'il ne soutiendrait aucune liste aux élections européennes de 2019, se disant "disponible (pour agir) mais pas dans le champ politique traditionnel".
Lors d'entretiens réalisés par le journaliste Thomas Sotto pendant un déplacement au pied du plus grand glacier français, la Mer de Glace à Chamonix, l'écologiste est revenu également sur son année de ministre.
Avec Emmanuel Macron, "on n'avait pas le même diagnostic sur l'état de la planète et sur les menaces qui pèsent sur l'humanité. Donc à partir du moment où on n'a pas le même diagnostic, on ne propose pas le même traitement", explique-t-il.
Nommé pour la première fois ministre en mai 2017, après avoir renoncé à une candidature à la présidentielle un an plus tôt, Nicolas Hulot avait dû avaler bien des décisions contraires à ses convictions, malgré certaines victoires symboliques comme l'abandon du projet d'aéroport de Notre-Dame-des-Landes.
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