Après avoir écarté le scénario d'un rassemblement place de la Concorde, le ministère de l'Intérieur a indiqué jeudi que les "gilets jaunes" mobilisés notamment contre les prix du carburant pourraient se réunir sur l'esplanade du Champ-de-Mars, près de la Tour Eiffel.
"Ce lieu offrant les conditions de sécurité nécessaires, il pourra accueillir les manifestants", expliquent le ministre de l'Intérieur Christophe Castaner et son secrétaire d'Etat Laurent Nuñez dans un communiqué, ajoutant que plusieurs demandes avaient été déposées en préfecture et qu'un "dispositif de sécurité" sera mis en place pour protéger les "lieux sensibles" de la capitale.
Lancé le 17 novembre hors de tout cadre syndical ou politique, le mouvement espère faire du rassemblement parisien "l'acte 2" d'une mobilisation protéiforme qui a mis l'exécutif sur la défensive et plongé la majorité dans le désarroi.
"J'espère qu'il va y avoir une véritable marée jaune", affirme Frank Buhler, l'un des initiateurs du mouvement dans le Tarn-et-Garonne et auteur d'une vidéo où il appelait tous les "gilets jaunes" "à pied, à cheval et en voiture [à] parcourir la totalité des rues de Paris".
Devant une affluence impossible à estimer et face à la crainte de débordements, le ministère de l'Intérieur a prévenu que "la réponse judiciaire sera intraitable en cas de troubles".
Le rendez-vous parisien divise en tout cas les troupes, l'argument financier ou la perspective de violences pouvant décourager certains de se rendre dans la capitale.
"C'est quand même des gros frais (...) On est en train de voir pour samedi, pour qu'il y ait encore du monde qui reste sur Nantes et qu'il y ait du monde qui aille sur Paris", déclare Yoann Molot, 24 ans, un des porte-parole à Nantes.
"On va pas gaspiller du carburant, ça serait un peu bête", a déclaré Tristan Lozach, à l'origine du groupe Facebook "Le pouvoir du peuple 22" dans les Côtes d'Armor.
La SNCF a d'ailleurs tenu à démentir une "rumeur persistante" selon laquelle le port d'un "gilet jaune" samedi vaudra titre de transport dans les trains. "Ce samedi, comme toute l'année, les trains ne sont accessibles qu'aux voyageurs munis d'un titre de transport valide", a précisé un porte-parole de la compagnie.
Certains "gilets jaunes" n'appellent pas à rallier le cortège parisien, comme Fabrice Schlegel, 45 ans, meneur à Dole (Jura), qui préfèrera une action "à l'échelle du département" : "D'abord, tout le monde n'a pas 150 euros à mettre pour faire le déplacement et puis on s'inquiète de la violence qu'il peut y avoir".
A "la dernière grosse manifestation parisienne, le 1er mai, les +black blocs+ étaient de sortie et il y a eu beaucoup de casse. Je ne veux pas participer à quelque chose comme ça", poursuit-il .
Situation tendue à la Réunion
Sur le terrain, le mouvement qui a essaimé sur les réseaux sociaux marquait le pas au sixième jour d'une mobilisation qui s'est peu à peu élargie à la dénonciation de la baisse du pouvoir d'achat et des taxes.
Jeudi, le ministère de l'Intérieur recensait 5.107 manifestants et 268 manifestations en France, contre 15.000 mercredi.
Quelques irréductibles continuaient à organiser des blocages épars en métropole, avec des barrages filtrants aux abords des dépôts pétroliers ou sur certains axes routiers dans le Pas-de-Calais, le Gard, l'Hérault, le Vaucluse, le Haut-Rhin ou en Nouvelle-Aquitaine.
Ailleurs dans l'Hexagone, la quasi-totalité des blocages avaient été levés après intervention des forces de l'ordre.
Les troubles se concentrent désormais sur l'île de La Réunion où, malgré l'instauration d'un couvre-feu nocturne, la situation restait tendue après une flambée de violences urbaines.
"Nous serons intraitables car on ne peut pas accepter les scènes que nous avons vues", avait réagi mercredi soir le président de la République Emmanuel Macron, en annonçant l'envoi en renfort de plusieurs dizaines de gendarmes sur l'île.
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Les "gilets jaunes" toujours actifs, les autorités affichent leur fermeté
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