Jeudi, au sixième jour de leur mobilisation, quelques irréductibles "gilets jaunes" continuaient à organiser des blocages épars en métropole, avec des barrages filtrants aux abords des dépôts pétroliers ou sur certains axes routiers dans le Pas-de-Calais, le Gard, le Vaucluse, le Haut-Rhin ou en Nouvelle-Aquitaine.
A l'aube une trentaine de manifestants s'étaient également rassemblés à Calais, non loin de l'accès au tunnel sous la Manche.
Mais ailleurs dans l'Hexagone, la quasi-totalité des blocages avaient été levés après intervention des forces de l'ordre.
Les troubles se concentrent désormais sur l'île de La Réunion où, malgré l'instauration d'un couvre-feu nocturne, la situation restait tendue après une flambée de violences urbaines.
"Nous serons intraitables car on ne peut pas accepter les scènes que nous avons vues", avait réagi mercredi soir le président de la République Emmanuel Macron, en annonçant l'envoi en renfort de plusieurs dizaines de gendarmes sur l'île.
Marée jaune ?
Tous les regards se tournent à présent vers la journée de samedi et le rassemblement prévu dans la capitale.
Mouvement spontané et sans leader identifié, les "gilets jaunes" ont organisé leur mobilisation sur les réseaux sociaux pour protester contre la hausse des prix du carburant et la baisse du pouvoir d'achat et espèrent marquer les esprits à Paris.
"Le 24 novembre, c'est Paris bloqué, le 24 novembre, c'est Paris ville morte", avait lancé dimanche Frank Buhler, l'un des initiateurs du mouvement dans le Tarn-et-Garonne. "J'espère qu'il va y avoir une véritable marée jaune", a-t-il indiqué jeudi à l'AFP depuis Montauban.
Une autre page Facebook intitulée "Acte 2 Toute la France à Paris", créée par un autre chef de file informel --Eric Drouet, chauffeur routier à Melun (Seine-et-Marne)-- appelle à se rassembler place de la Concorde.
Un tel scénario a d'avance été rejeté pour raisons de sécurité par les autorités, qui redoutent des débordements et attendent toujours une déclaration en bonne et due forme en préfecture.
"Pour l'instant, nous n'avons pas d'interlocuteurs", a indiqué le secrétaire d'État auprès du ministre de l'Intérieur Laurent Nuñez.
Une marche, organisée le même jour par le mouvement féministe #Noustoutes contre les violences sexistes et sexuelles, a dû toutefois changer son parcours à la demande de la préfecture de police pour éviter le secteur de la Madeleine, voisin de la place de la Concorde.
La mobilisation parisienne divise toutefois le mouvement, l'argument financier ou la perspective de débordements pouvant décourager certains de se rendre dans la capitale.
"C'est quand même des gros frais (...) On est en train de voir pour samedi, pour qu'il y ait encore du monde qui reste sur Nantes et qu'il y ait du monde qui aille sur Paris", déclare Yoann Molot, 24 ans, un des porte-parole à Nantes.
La SNCF a d'ailleurs tenu à démentir une "rumeur persistante" selon laquelle le port d'un "gilet jaune" samedi vaudra titre de transport dans les trains. "Ce samedi, comme toute l'année, les trains ne sont accessibles qu'aux voyageurs munis d'un titre de transport valide", a précisé un porte-parole de la compagnie.
Certains "gilets jaunes" n'appellent pas à rallier le cortège parisien, comme Fabrice Schlegel, 45 ans, meneur à Dole (Jura), qui préfèrera une action "à l'échelle du département" : "D'abord, tout le monde n'a pas 150 euros à mettre pour faire le déplacement et puis on s'inquiète de la violence qu'il peut y avoir".
A "la dernière grosse manifestation parisienne, le 1er mai, les +black blocs+ étaient de sortie et il y a eu beaucoup de casse. Je ne veux pas participer à quelque chose comme ça", poursuit-il.
Deux personnes ont perdu la vie depuis le début de la mobilisation des "gilets jaunes" : une femme percutée par une conductrice prise de panique, et un motard décédé des suites de ses blessures dans une collision lundi avec une camionnette qui manœuvrait pour éviter un barrage.
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Après la mobilisation des "gilets jaunes", les regards tournés vers Elysée et Matignon
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