"Les données scientifiques sont sans équivoque. Si l'on ne réduit pas rapidement les émissions de gaz à effet de serre, et notamment de CO2, les changements climatiques auront des conséquences irréversibles et toujours plus destructrices pour la vie sur Terre", a déclaré Petteri Taalas, secrétaire général de l'agence onusienne Organisation météorologique mondiale (OMM).
"La période propice à l'action est sur le point de s'achever", a-t-il averti, à quelques jours de la COP 24 sur le climat qui doit se tenir en décembre à Katowice en Pologne.
La communauté internationale doit y finaliser l'accord de Paris pour atteindre l'objectif de limiter le réchauffement climatique à moins de 2°C, voire à 1,5°C par rapport au niveau de la Révolution industrielle. L'accord incite les pays à revoir à la hausse leurs engagements, qui à ce stade conduisent le monde bien au-delà de 3°C.
"La tendance est inquiétante. Il y a une différence entre l'ambition et la réalité", a reconnu le professeur Pavel Kabat, directeur du Département de la recherche à l'OMM, lors d'une conférence de presse.
Selon l'OMM, les concentrations dans l'atmosphère de dioxyde de carbone (CO2), méthane (CH4) et protoxyde d'azote (N2O), trois gaz à effet de serre, ont encore progressé l'an dernier, pour atteindre des "nouveaux records" à l'échelle du globe.
Et "rien n'indique un renversement de cette tendance, qui est pourtant le facteur déterminant du changement climatique, de l'élévation du niveau de la mer, de l'acidification des océans et d'une augmentation du nombre et de l'intensité des phénomènes météorologiques extrêmes", pointe l'OMM.
Pas de 'baguette magique'
Les gaz à effet de serre captent une partie du rayonnement solaire traversant l'atmosphère, qui de ce fait se réchauffe. Ce phénomène, appelé "forçage radiatif" par les experts, s'est accru de 41% depuis 1990. Et le CO2 est de très loin le principal responsable de ce réchauffement.
"Le CO2 persiste pendant des siècles dans l'atmosphère et encore plus longtemps dans l'océan. Or, nous n'avons pas de baguette magique pour faire disparaître l'ensemble de cet excédent de CO2 atmosphérique", a indiqué la secrétaire générale adjointe de l'OMM, Elena Manaenkova.
Sa concentration dans l'atmosphère a atteint 405,5 parties par million (ppm) en 2017, une hausse de 2,2 ppm inférieure à celle enregistrée en 2016 (+3,2 ppm), période pendant laquelle avait été observé un puissant épisode El Niño, qui avait entraîné des épisodes de sécheresse dans les régions tropicales et avait réduit la capacité des forêts et de la végétation à absorber le CO2.
"La dernière fois que la Terre a connu une teneur en CO2 comparable, c'était il y a 3 à 5 millions d'années: la température était de 2 à 3°C plus élevée et le niveau de la mer était supérieur de 10 à 20 mètres par rapport au niveau actuel", a souligné M. Taalas.
Le méthane, qui figure au deuxième rang des plus importants gaz à effet de serre persistants, a atteint aussi un nouveau pic en 2017, représentant 257% du niveau qu'il avait à l'époque préindustrielle.
Les experts ont aussi observé l'an dernier une recrudescence "inattendue" d'un puissant gaz à effet de serre réduisant la teneur en ozone, le CFC-11 (trichlorofluorométhane), dont la production est régie par un accord international visant à protéger la couche d'ozone.
Les concentrations de gaz à effet de serre dans l'atmosphère dépendent des quantités émises mais aussi des interactions complexes qui se produisent entre l'atmosphère, la biosphère, la lithosphère, la cryosphère et les océans. L'océan absorbe aujourd'hui environ le quart des émissions totales et la biosphère un autre quart.
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