M. Kim était déjà président par intérim d'Interpol depuis la "démission" subite de son ancien patron, Meng Hongwei, accusé de corruption en Chine et qui a mystérieusement disparu début octobre au cours d'un voyage dans son pays.
Réunis depuis dimanche à Dubaï, les délégués d'Interpol ont élu le Sud-Coréen lors d'une assemblée générale après que la candidature du général de police russe, Alexandre Prokoptchouk, eut suscité une levée de boucliers aux Etats-Unis et des menaces de l'Ukraine et de la Lituanie de quitter l'organisation mondiale de police.
Bien que le poste de président soit plus honorifique qu'opérationnel, les critiques de Moscou, craignaient que l'organisation internationale ne devienne un outil du Kremlin pour lutter contre ses opposants politiques en cas d'élection de M. Prokoptchouk.
Le quotidien The Times avait affirmé la semaine dernière, citant des sources britanniques, que M. Prokoptchouk était le favori du scrutin.
Les Etats-Unis, par la voix de leur secrétaire d'Etat Mike Pompeo, avaient indiqué mardi, à la veille du vote, qu'ils "soutenaient fermement" le Sud-Coréen.
"Nous encourageons toutes les nations et organisations faisant partie d'Interpol et respectant l'Etat de droit à choisir un chef intègre. Nous pensons que ce sera le cas de M. Kim", avait déclaré le chef de la diplomatie américaine.
Peu après son élection, le nouveau président sud-coréen d'Interpol a estimé que le "monde fait aujourd'hui face à des changements sans précédents qui représentent d'énormes défis à la sécurité et sûreté publiques".
"Nous avons besoin d'une vision claire: nous devons construire un pont vers l'avenir", a-t-il ajouté, cité sur le compte Twitter d'Interpol.
L'Argentin Néstor R. Roncaglia a, lui, été élu vice-président pour les Amériques, pour un mandat de trois ans, a par ailleurs fait savoir Interpol.
"Tentacules criminelles"
Quatre sénateurs américains avaient appelé, dans une lettre ouverte rendue publique lundi, les délégués des 192 pays membres d'Interpol à rejeter la candidature de M. Prokoptchouk.
"Les événements récents ont montré que le gouvernement russe abusait des procédures d'Interpol pour harceler ses opposants politiques", avait appuyé mardi sur Twitter le porte-parole du Conseil national de sécurité américain Garrett Marquis.
Selon sa biographie sur le site internet du ministère russe de l'Intérieur, qu'il a rejoint dans les années 1990, Alexandre Prokoptchouk a obtenu en 2003 le grade de général de police et commencé à travailler avec Interpol en 2006, d'abord en tant que responsable adjoint du bureau russe de l'organisation.
Ce polyglotte a également été chargé de la coopération avec Europol, l'agence européenne de police criminelle, puis nommé au comité exécutif d'Interpol en 2014, avant d'en être élu vice-président en novembre 2016.
La Russie va "étendre ses tentacules criminelles à chaque coin de la planète" si M. Prokoptchouk est élu président, avait également dénoncé sur Twitter le financier britannique William Browder, l'ex-patron du juriste Sergueï Magnitski --mort dans une prison russe en 2009--.
Il avait brièvement été arrêté cette année en Espagne à cause d'un mandat d'arrêt émis par Interpol, et Moscou tente d'obtenir son extradition depuis des années.
L'opposant numéro un au Kremlin, Alexeï Navalny, a quant à lui affirmé sur Twitter que son équipe avait "souffert d'abus d'Interpol à cause de persécutions politiques par la Russie.
Et l'Ukraine et la Lituanie avaient même menacé de se retirer d'Interpol en cas d'élection du général russe.
Mais Moscou avait rejeté ces accusations qualifiant les réactions d'hostilité à la candidature du général de police russe de "politisation inadmissible".
Avec son élection à la tête d'Interpol, M. Kim devra désormais terminer le mandat de quatre ans que M. Meng devait achever en 2020, mais le véritable patron de l'organisation est dans les faits son secrétaire général. Celui-ci est jusqu'à l'année prochaine l'Allemand Jürgen Stock, qui rappelait début novembre que le poste de président était "essentiellement honorifique".
burs-mer/iw
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