Réuni dès 9H30 au siège de la confédération, rue du Maine (XIVe arrondissement), le Comité confédéral national (CCN), sorte de parlement de FO constitué des dirigeants des fédérations, des unions départementales (UD) et des instances dirigeantes, promet deux journées tendues, après des semaines de tractations.
Les responsables devront choisir entre Patrice Clos, 53 ans, numéro un de la fédération des transports et de la logistique, Christian Grolier, 52 ans, secrétaire général de la fonction publique, et Yves Veyrier, 60 ans, membre du bureau confédéral (la direction).
Les débats risquent d'être houleux, non seulement pour choisir le numéro un, mais également à cause du fichier révélé par le Canard enchaîné début octobre où certains cadres sont affublés de qualificatifs comme "niais", "complètement dingue", "anarchiste", ou encore "trop intelligent pour entrer au bureau confédéral". Ce document a entraîné la démission de Pascal Pavageau à peine six mois après son élection.
Pour déminer la situation, il est prévu que tous les responsables souhaitant s'exprimer à la tribune puissent le faire, une occasion dont comptent se saisir plusieurs dizaines d'entre eux, selon des responsables.
C'est seulement ensuite que le successeur de M. Pavageau sera élu, certains responsables tablant sur mercredi, d'autres jeudi.
La présentation de trois candidats à la tête de FO est une première. Les statuts du syndicat ne prévoient rien en terme de second tour et le bureau confédéral va proposer une élection à un tour, option que certains cadres refusent. Le sujet devrait être discuté lors du CCN.
"Rassembler"
Parmi les trois candidats, compliqué de dire "qui tient la corde", a assuré un haut dirigeant, quand pour trois autres, le match serait serré entre MM. Grolier et Veyrier.
La crise à FO a remis au goût du jour les divergences internes. Il y a les partisans d'une ligne "revendicative", basée sur les mobilisations (grèves, manifestations), défendue par M. Pavageau et largement validée au congrès d'avril. Patrice Clos et Christian Grolier sont proches de ce courant. Il y a également une ligne dite "réformiste", basée sur la concertation, défendue en fin de mandat par Jean-Claude Mailly dont M. Veyrier est proche.
Dans un climat interne délétère depuis cinq semaines, les rumeurs vont bon train sur les trois candidats, notamment sur leur penchant "anarchiste" (Clos), "trotskiste" (Grolier) ou "pro-Macron" (Veyrier), qu'ils démentent.
Yves Veyrier s'est ainsi défendu la semaine dernière dans un courrier aux militants d'être "trotskiste" ou "macronisme compatible", se présentant comme "réformiste militant", "déterminé à œuvrer pour l'émancipation de la classe ouvrière".
"Je ne comprends pas qu'on veuille mettre dans une case les trois candidats!", s'est agacé auprès de l'AFP M. Grolier, assurant qu'il n'était "pas plus trotskiste que (son) camarade Patrice Clos n'est anarchiste". Pour lui, le scandale "a fait des dégâts" et quel que soit le résultat de l'élection, la priorité du futur numéro un "va être de rassembler".
Patrice Clos, lui, souhaite mettre de l'ordre dans les finances et réclame un audit financier de la confédération, déficitaire en 2017 (-632.000 euros) après un excédent d'un million d'euros un an plus tôt. Cette option a été écartée par le bureau confédéral, qui promet plutôt "un état financier complet", après des révélations dans la presse sur les notes de frais et rémunérations des dirigeants.
"La transparence financière est importante vis-à-vis de nous en interne, et vis-à-vis de nos adhérents et de nos militants", martèle Patrice Clos.
Cette crise intervient alors que l'agenda social est chargé, avec la concertation sur la future réforme des retraites, la négociation sur l'assurance chômage ou la mobilisation des "gilets jaunes". Sans compter l'élection professionnelle dans la fonction publique début décembre, FO étant premier syndicat dans le versant État et troisième pour la Territoriale et l'Hospitalière.
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