Son ex-adjointe à la Culture Brigitte Gruel, également acquittée à ses côtés à Bobigny, sera elle aussi rejugée. Anciennes employées à la mairie de Draveil (Essonne), Virginie Ettel et Eva Loubrieu, 41 et 44 ans, les accusent de leur avoir imposé des attouchements et des pénétrations digitales entre 2007 et 2010.
Lors de leur procès, achevé jeudi après quatre semaines de débats, l'avocat général avait requis six ans de prison contre George Tron et quatre ans contre Brigitte Gruel, tous deux âgés de 61 ans. Il avait aussi demandé cinq ans d'inéligibilité et leur inscription sur le fichier des délinquants sexuels.
La thèse d'un "pervers narcissique" ayant "abusé de son pouvoir" pour "vampiriser ses victimes", soutenue par l'avocat général, n'a toutefois pas convaincu la cour d'assises.
Les deux accusés clament leur innocence depuis le début de l'affaire, en mai 2011, qui avait contraint l'homme politique à quitter son poste de secrétaire d'État à la Fonction publique du gouvernement Fillon.
Dans les motivations lues par son président Philippe Coirre, la cour d'assises avait estimé que le maire et son ex-adjointe "avaient bien participé à des débats sexuels en présence de tiers" dans un "contexte général hypersexualisé" à la mairie. Mais si les "scènes à caractère sexuel évoquées par les plaignantes" étaient "avérées", ces dernières n'étaient pas en "situation de contrainte".
Les deux accusés ont toujours contesté l'existence de telles scènes. Lors de son procès, Georges Tron a juste admis être un "prosélyte" de la réflexologie plantaire, pratique décrite par des témoins femmes comme un "mode opératoire" pour les approcher.
"Véritable acharnement"
Dans ses motivations, la cour d'assises a par ailleurs considéré que les plaignantes étaient dans une "logique de vengeance" après un licenciement pour Eva Loubrieu et un changement de poste pour Virginie Ettel.
Georges Tron et Brigitte Gruel soutenaient que le "ressentiment" de ces anciennes employées avait été exploité par leurs opposants locaux d'extrême droite.
Éric Dupond-Moretti, l'avocat de Georges Tron qui n'a pas répondu mardi aux sollicitations de l'AFP, avait estimé après l'annonce de l'acquittement de son client qu'un "appel était possible" mais que "ce serait un appel de vanité et d'orgueil".
"Ma cliente ressent l'appel (…) comme un véritable acharnement dans ce dossier", a de son côté déclaré à l'AFP l'avocat de Brigitte Gruel, Frank Natali.
Eva Loubrieu, qui avait évoqué jeudi une "grande déception", "est soulagée que le ministère public ait pris cette décision et reste déterminée à ce que la justice reconnaisse le statut de victime qui est le sien", a fait savoir mardi son avocat, Loïc Guérin.
"Satisfaite", Virginie Ettel espère quant à elle que "la prochaine audience permettra de mieux poser la question centrale de la contrainte exercée par monsieur Tron", selon son avocat, Vincent Ollivier.
"Le dossier, tel qu'il a été exposé lors de l'audience, établit à suffisance l'existence des violences sexuelles commises par monsieur Tron et madame Gruel, ainsi que les mensonges de ces derniers", a aussi estimé Me Ollivier.
Le verdict rendu à Bobigny avait notamment provoqué la "colère" et le "dégoût" de la porte-parole d'Osez le féminisme, Raphaëlle Rémy-Leleu.
L'acquittement de Georges Tron est intervenu un an après la déflagration Harvey Weinstein, qui a soulevé une vague mondiale de libération de la parole de femmes victimes de viols, agressions et harcèlement sexuels.
Des dizaines de personnes ont été entendues pendant quatre semaines d'audience - une durée exceptionnelle, un dossier de viol étant généralement examiné sur trois jours. Le procès avait été délocalisé en dehors du département de l'Essonne dont Georges Tron est l'un des barons.
La tenue d'un procès avait finalement été décidée en 2014 par la cour d'appel de Paris, à contre-courant du non-lieu prononcé un an plus tôt par des juges d'instruction.
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