Appelée par ses détracteurs à renégocier l'accord provisoire conclu avec l'UE, la Première ministre britannique Theresa May a annoncé qu'elle se rendrait à Bruxelles dans la semaine, pour rencontrer notamment le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker.
"Cela va être une semaine très pénible à Bruxelles", a averti lundi matin le ministre autrichien aux affaires européennes Gernot Blümel, dont le pays assure la présidence tournante de l'UE, avant une réunion avec ses homologues moins de cinq mois avant la date prévue du retrait britannique.
"Je pars du principe que le traité de divorce, tel qu'il est désormais posé sur la table, va être adopté", a-t-il dit, alors que certains pays européens ont émis des réserves sur des points du texte de près de 600 pages accouché au forceps par les équipes de négociation britannique et européenne.
La possibilité d'étendre la période de transition post-Brexit, pendant laquelle le Royaume-Uni restera de fait dans le giron de l'UE, fait partie des seuls points encore ouverts aux discussions concernant les modalités du divorce.
Celle-ci est actuellement prévue jusqu'à fin 2020 dans l'accord provisoire de retrait, mais le négociateur en chef de l'UE, Michel Barnier aurait proposé qu'elle puisse être prolongée de deux ans, selon une source européenne.
'Meilleur accord possible'
Pour le reste, "nous devons être clairs sur le fait que cet accord, tel qu'il est maintenant sur la table, est le meilleur accord possible", a insisté lundi le ministre luxembourgeois Jean Asselborn.
Des pays comme la France, qui auraient souhaité un meilleur résultat sur la qestion de la pêche, n'en feront ainsi pas un point de blocage, conscients que les Britanniques pourraient à leur tour présenter de nouvelles demandes.
"Nous pensons que des deux côtés nous avons épuisé nos marges de manoeuvre", avait estimé dès la semaine dernière un responsable européen sous couvert d'anonymat.
Ce sera "une semaine intense de négociations", prédit de son côté Mme May, dans un discours qu'elle doit prononcer lundi devant les patrons britanniques, quelques jours après avoir réussi à faire endosser par son gouvernement l'accord provisoire avec Bruxelles, au prix d'une série de démissions.
Comme les 27, elle a cependant admis que l'essentiel des négociations restant à mener concernaient non pas le traité de retrait, mais la "déclaration politique" sur la future relation entre Londres et l'UE, qui sera jointe à l'accord de séparation.
"Je m'attends à ce que nous élaborions les détails complets et définitifs du cadre qui sous-tendra nos relations futures", a-t-elle assuré.
'Etat-vassal'
La Commission européenne a prévu de publier mardi le projet de "déclaration politique" qui définira ce cadre. Il s'agira d'un texte d'une vingtaine de pages, selon une source diplomatique, sans valeur juridique mais à forte portée politique.
Londres et Bruxelles doivent y esquisser les contours de leur futur partenariat, qu'il ne pourront commencer à négocier formellement qu'une fois le Royaume-Uni officiellement parti, à compter du 30 mars 2019.
Avant cela, les deux parties vont devoir boucler définitivement leur accord. Les 27 doivent l'approuver dimanche lors d'un sommet des chefs d'Etat ou de gouvernement convoqué à Bruxelles. Il restera ensuite à le faire ratifier par le Parlement européen d'un côté et par le Parlement britannique de l'autre.
La ratification parlementaire britannique est loin d'être acquise, sur fond de profondes divisions de la classe politique du pays sur le type de Brexit qu'elle souhaite.
Theresa May se retrouve ainsi sous la menace d'une motion de censure, et sous pression de l'aile dure des partisans du Brexit qui exigent de pouvoir renégocier le texte, inacceptable à leurs yeux.
Certains estiment en effet qu'elle a sacrifié la souveraineté du pays en acceptant la perspective d'une union douanière avec l'UE d'une durée indéfinie comme solution de dernier recours pour empêcher le retour d'une frontière physique entre l'Irlande et l'Irlande du nord.
L'accord négocié avec Bruxelles, s'il n'est pas modifié, ferait du Royaume-Uni un "Etat vassal" de l'UE, a ainsi mis en garde l'ex-chef de la diplomatie britannique Boris Johnson.
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