Des blocages mais surtout des barrages filtrants et des opérations escargot ont été observés par l'AFP dans plusieurs régions.
Sur environ 150 sites, les manifestants ont appelé à reconduire le mouvement, selon le ministère de l'Intérieur.
La veille, près de 290.000 personnes avaient manifesté sur 2.034 sites.
Un manifestant a été grièvement blessé dimanche près de Saint-Quentin (Aisne, nord) lorsqu'un automobiliste a forcé un barrage de "gilets jaunes" sur un rond-point, a-t-on appris de sources concordantes. Mais ses jours ne sont pas en danger, a précisé la gendarmerie, selon laquelle l'automobiliste a pris la fuite.
Dans l'après-midi, les forces de l'ordre ont par ailleurs dispersé, notamment au moyen de gaz lacrymogène, un millier de "gilets jaunes" qui avaient installé un barrage filtrant au sud de Caen (Normandie, ouest).
Dans la matinée, elles étaient intervenues pour lever deux points de blocage sur le périphérique sud de cette ville, un radar ainsi que des palettes disposées sur la chaussée y ayant été incendiées pendant la nuit.
Une agression à caractère homophobe présumée samedi d'un conseiller municipal de Bourg-en-Bresse (centre-est) par des "gilets jaunes" suscitait en outre l'indignation, le ministre de l'Intérieur Christophe Castaner condamnant des "actes odieux".
"Beaucoup de jeunes"
En dehors des axes autoroutiers, plusieurs abords de zones commerciales ont été bloqués. Le groupe de distribution Auchan a ainsi évoqué une vingtaine de sites touchés.
"Nous constatons un essoufflement du mouvement (...) Ce sont cependant les éléments les plus motivés, parfois les plus durs qui sont restés mobilisés", a expliqué un porte-parole d'Auchan qui a évoqué des "rixes violentes" aux abords de centres commerciaux.
Dans le sud-est, les "gilets jaunes" perturbaient la circulation dans plusieurs zones, en particulier dans le Var et le Vaucluse. A l'entrée de Cavaillon (Vaucluse), quelques dizaines de gilets jaunes filtraient les voitures, a constaté l'AFP. Les manifestants ont déployé un drapeau français et chanté la Marseillaise, l'hymne national.
"On est beaucoup de jeunes parce qu'on ne s'en sort plus. On travaille comme des forcenés et à un moment donné c'est stop. On ne vit plus, on fait de la survie", a dénoncé Emilie, une commerciale âgée de 27 ans.
"On veut faire payer l'État pour qu'il comprenne qu'il se mette un peu à notre place, qu'il essaie de comprendre qu'on est en galère", a renchéri Damien, un chauffeur livreur de 22 ans.
Dans le Vaucluse, une dizaine de barrages ont été recensés, notamment sur les autoroutes A7 et A9.
Sur l'A6, dans le sens Lyon-Paris, au péage de Limas au niveau de Villefranche-sur-Saône, des manifestants filtraient la circulation automobile, entraînant un embouteillage de plusieurs kilomètres.
"Macron desserre l'étau, on étouffe", pouvait-on lire sur une banderole dans la banlieue de Nantes, à proximité de la principale zone commerciale de cette ville de l'ouest. Environ 150 "gilets jaunes" y occupaient un rond-point, arrêtaient les voitures et demandaient aux conducteurs de mettre un gilet jaune pour les laisser passer.
Un barrage filtrant a également été mis en place sur le Pont de Normandie.
Dans les Pyrénées orientales (sud-ouest), des actions se poursuivaient au péage du Boulou sur l'A9, dernier péage avant l'Espagne.
A Eurodisney, près de Paris, des "gilets jaunes" ont déclenché une opération parking gratuit. "Nous, on veut prolonger le mouvement aujourd'hui, demain. On est plusieurs à avoir posé une semaine de vacances pour continuer", a déclaré à l'AFP Arnaud, un fonctionnaire de 47 ans.
A l'initiative de cette grogne, des membres de la société civile se sont mobilisés contre la hausse du prix des carburants avant de se lancer dans une dénonciation plus globale de la politique du gouvernement en matière de taxation et de la baisse du pouvoir d'achat.
Tout le territoire a été touché par les actions des "gilets jaunes", ce qui représente un succès certain pour ce mouvement, issu des réseaux sociaux et organisé en dehors des partis politiques et des syndicats.
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