Le président français et la chancelière allemande avaient déjà multiplié il y a une semaine, lors des cérémonies en France du centenaire de la fin de la Première guerre mondiale, les marques de complicité et de cohésion.
Pour parachever cette séquence commémorative, M. Macron est reçu à Berlin dans le cadre du Volkstrauertag (Jour du Souvenir), journée de commémoration nationale en Allemagne dédiée à la réconciliation, à l'entente et à la paix, mais aussi d'hommage aux victimes de la guerre.
Après des cérémonies avec le président allemand Frank-Walter Steinmeier, dont le rôle est surtout honorifique, M. Macron s'exprimera devant la chambre des députés à 12h30 GMT, une première pour un président français depuis Jacques Chirac en juin 2000.
"Nouvel élan"
Le président français reviendra probablement sur son projet d'armée européenne, auquel la chancelière a ostensiblement apporté son soutien mardi au Parlement européen, malgré l'ire qu'il suscite chez le président américain Donald Trump.
Dans la foulée du discours au Bundestag, Emmanuel Macron et Angela Merkel auront une réunion de travail sur les moyens de relancer la construction européenne.
Les deux pays se sont entendus vendredi sur les contours d'un budget pour la zone euro, projet phare d'Emmanuel Macron pour soutenir l'investissement. Mais pas sur son montant, qui reste non défini alors que le chef de l'Etat français espérait à l'origine des centaines de milliards d'euros.
L'Allemagne n'en a accepté le principe que du bout des lèvres et en verrouillant son utilisation.
Dans un contexte de poussée populiste, y compris en Italie, pays fondateur de l'Union européenne, les deux dirigeants ont tout intérêt à se montrer unis et à donner un "nouvel élan" au couple franco-allemand, selon les termes du président du Bundestag, Wolfgang Schäuble.
"Le contexte européen nous oblige à être encore plus rapides et à avoir encore plus de résultats", met en garde la présidence française, à six mois des élections européennes.
Car l'unité de façade voulue par les deux dirigeants français et allemand ne masque pas les désaccords de fond qui perdurent, que ce soit sur la défense européenne, la réforme de la zone euro ou encore la taxation des géants du numérique.
Echanges acides
Les échanges acides entre les deux pays au sujet des ventes d'armes à l'Arabie saoudite ont déjà jeté une ombre fin octobre.
En France, mais aussi en Allemagne, des voix se sont aussi élevées pour regretter que les ambitions de relance européenne affichées par M. Macron après son élection en 2017 n'aient pas été saisies au bond par Mme Merkel, au pouvoir depuis 13 ans et sur le départ en 2021 au plus tard.
Le plaidoyer commun en faveur d'une armée européenne devra également passer de la théorie à la pratique.
Angela Merkel, qui est restée très vague sur ce sujet, a simplement prévenu qu'une telle armée ne devrait pas être constituée "contre l'Otan".
Les projets franco-allemands d'armement, tels que le programme Scaf d'avion de combat du futur, censé remplacer en 2040 les Rafale et Eurofighter, devront être concrétisés.
Un autre point de friction de part et d'autre du Rhin concerne la taxation des "Gafa" (Google, Apple, Facebook, Amazon), les géants du numérique qui ne paient quasiment pas d'impôt en Europe.
Mme Merkel, dans son discours à Strasbourg, a clairement plaidé dans l'immédiat en faveur d'un accord international sur la fiscalité, alors que M. Macron espérait l'adoption dès décembre d'une directive européenne sur le sujet.
Nous les "Français et (les) Allemands, on ne nous attend pas ensemble seulement sur des déclarations, on nous attend sur les capacités à les mettre en œuvre", résume-t-on à l'Elysée.
Une nouvelle étape symbolique devrait être franchie en janvier avec la signature d'un nouveau Traité de l'Elysée, 56 ans après celui signé par Konrad Adenauer et Charles de Gaulle.
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