Les Bleus peuvent souffler. Ils ont conclu en beauté un beau samedi après-midi pour le rugby français, entamé par la première victoire des féminines en match officiel contre la Nouvelle-Zélande à Grenoble (30-27).
Beaucoup plus au nord, eux aussi ont fait chavirer le public tricolore, après l'avoir navré samedi dernier, en laissant échapper au Stade de France, dans les derniers instants, une victoire qui leur tendait les bras face aux Springboks (29-26).
Leur cinquième de suite, série record de l'ère professionnelle établie l'an passé égalée.
Elle s'est arrêtée sous le toit du stade Pierre-Mauroy, où le XV de France s'est offert un gros bol d'air avec cette première victoire face à une nation majeure de l'hémisphère Sud depuis juin 2016 en... Argentine (27-0).
Plus qu'avoir pris un ascendant psychologique face aux Argentins, qu'il retrouvera dans dix mois à la Coupe du monde au Japon, il s'est évité un psychodrame. Et d'affronter samedi prochain les Fidji, en clôture des tests d'automne, la peur au ventre.
Force mentale
Le contexte, ainsi que l'adversaire, laissaient craindre le pire pour ces Bleus: les Pumas ont régulièrement pris un malin plaisir, depuis le début des années 2000, à venir doucher devant leur public leurs cousins latins.
Le début de match a renforcé ces inquiétudes: les Bleus ont été menés 7 à 0 dès la 2e minute, sur un essai de l'ailier Ramiro Moyano, après un ballon perdu au contact par Maxime Médard, blessé sur cette action et qui a donc laissé son équipe en infériorité numérique.
Le renvoi a ensuite été tapé directement en touche par Camille Lopez.... Mais la force des Bleus, qui avaient promis durant la semaine qu'ils allaient évacuer la rage née de la défaite face aux Boks, aura été de ne pas lâcher mentalement après ce début de match cauchemardesque.
Dans ce sursaut, les leaders, le capitaine Guilhem Guirado et son lieutenant Mathieu Bastareaud, ont joué un rôle prépondérant, donnant le ton et mettant l'équipe dans l'avancée par de puissantes charges. Eux qui avaient fait part de leur abattement et de leur colère après une énième défaite sur le fil samedi dernier.
Bastareaud s'est également signalé par un précieux ballon chipé au "grattage" aux Pumas, dans ses 22 mètres, qui a aboutit à la première action offensive tricolore, gâchée au final par un en-avant de Wenceslas Lauret (17).
Le XV de France a également pu compter sur une mêlée conquérante en première période: trois pénalités récoltées, dont la dernière, convertie par la botte de Baptiste Serin (33), lui a permis de virer en tête à la pause (11-10).
Le salut par le jeu
Mais il a surtout refait surface par le jeu, symbole du caractère dont il a su faire preuve, alors qu'il aurait pu se crisper et jouer petit bras après cette entame ratée.
Après quelques actions offensives gâchées par des scories, il a ainsi trouvé la faille par un essai splendide en première main, parti d'une touche et conclu par Teddy Thomas (25, 8-10).
L'ailier, auteur d'un gros raté samedi dernier, en oubliant de servir ses partenaires après une superbe percée, s'est offert un doublé après le repos qui a permis aux Bleus de passer définitivement devant (48, 18-13).
Sur ce deuxième essai, il a été servi par Gaël Fickou après un slalom de ce dernier dans la défense argentine.
Retour gagnant pour Fickou: remplaçant face aux Boks, il honorait sa première titularisation au centre (à la place de Doumayrou) depuis juin 2017. Il a prouvé à l'encadrement qu'il avait eu raison d'insister pour jouer au centre, son poste de prédilection, plutôt qu'à l'aile comme lors de ces dernières sélections avant ces tests de novembre.
Après une pénalité de Serin (67) qui leur a donné de l'air (21-13), les Bleus ont inscrit un troisième essai, signé Guirado (71), pour laisser derrière eux le souvenir de la fin de match cruelle de samedi dernier.
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