Après avoir parcouru 4.300 kilomètres, à pied, en camion ou en autobus, les migrants de cette caravane ont commencé à découvrir combien leur rêve américain leur serait difficile à atteindre.
Des file d'attentes se sont formées dans l'après-midi au poste frontalier de El Chaparral pour s'inscrire sur une liste de demandeurs d'asile, où figuraient déjà 1.400 noms, pour la plupart inscrit avant l'arrivée de la caravane.
Saturés par les demandes, les autorités américaines n'ont pu traiter vendredi qu'une trentaine de cas.
Généralement, elles reçoivent entre "30 et 90 migrants par jour", a indiqué à l'AFP un volontaire auprès de l'Institut national de la migration, qui enregistrait l'identité des migrants. Pour traiter tous les dossiers de ceux de la caravane, "ça prendra des mois", lâchait-il, résigné.
Osman Bueso, un Hondurien de 28 ans qui a été un des premiers de la caravane à rejoindre cette ville, affichait sa frustration.
"Je n'ai pas fait tout ça en vain. Je suis sur la route depuis 35 jours pour atteindre la frontière" a-t-il confié à l'AFP.
"Nous n'avons pas peur. On est prêt à mourir s'il le faut. Quand vous vivez dans la pauvreté et la violence, il vaut mieux mourir que de vivre (...) Je ne pense pas que Trump pourra bloquer des milliers de personnes", a-t-il assuré, évoquant les mesures ordonnées par le président Donald Trump pour empêcher les migrants d'entrer illégalement sur le territoire américain.
Selon les autorités, plus de 3.200 migrants de la caravane se trouvent désormais à Tijuana, et environ 2.000 autres devraient y converger dans les prochains jours.
Au total, environ 8.000 migrants se trouvent actuellement au Mexique pour atteindre les Etats-Unis, répartis dans différentes caravanes, dont la plupart se sont fragmentées au cours de leur périple.
"Risque énorme"
Soulignant le "discours ouvertement hostile" aux migrants que tient le gouvernement américain, le ministre mexicain de l'Intérieur a déclaré jeudi que leurs chances d'entrer aux Etats-Unis étaient "pratiquement nulles".
"Il y a un risque énorme d'incident sur la frontière", a également prévenu ce ministre, Alfonso Navarrete Prida, assurant que les autorités mexicaines tenteraient d'empêcher ces migrants d'entrer en force aux Etats-Unis.
Le président Donald Trump a déployé 6.000 militaires pour éviter toute incursion des migrants sur le sol américain.
Il a par ailleurs signé un décret qui permet de rejeter automatiquement les demandes d'asile déposées par des personnes ayant traversé illégalement la frontière, et qui seront ensuite automatiquement expulsées.
Au cours des cinq dernières années, les demandes d'asile ont augmenté de 2.000% le long de la frontière et moins de 10% d'entre elles sont acceptées, selon le gouvernement américain.
"Horde" de migrants
A Tijuana, la caravane a été accueillie par des signes d'hostilité de la part des habitants et du maire de la ville qui a demandé l'expulsion de ces migrants.
"Tijuana est une ville de migrants, mais nous ne les voulons pas de cette manière. Cela a été différent avec les Haïtiens (arrivés en 2016), eux avaient des papiers, ils étaient ordonnés, ce n'était pas une horde", s'est plaint le maire Juan Manuel Gastelum, du Parti action nationale (PAN, conservateur).
Mercredi soir, 300 habitants avaient protesté contre leur présence près de la plage de Tijuana, entonnant l'hymne mexicain et certains leur jetant des objets.
Sur les réseaux sociaux, une manifestation contre les migrants a été convoquée pour dimanche et plusieurs pages Facebook "anti-caravane" ont été créées.
Les autorités locales ont toutefois aménagé un centre sportif pour ces migrants où au moins 2.000 d'entre eux sont hébergés dont 400 enfants. Quelques centaines d'autres sont répartis dans d'autres refuges de la ville.
Les migrants de cette caravane, pour la plupart honduriens, étaient partis le 13 octobre de la ville hondurienne de San Pedro Sula fuyant la violence et la pauvreté dans leur pays.
Le gouvernement mexicain a indiqué vendredi avoir reçu 2.697 demandes d'asile depuis l'entrée de ce cortège.
Plus de 500 de ces demandeurs d'asile bénéficieront du programme "Tu es dans ta maison" lancé par le président mexicain Enrique Pena Nieto, qui leur offrira un emploi temporaire, l'accès aux soins et une éducation pour leur enfant.
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