Son ex-femme Monique Olivier, qui risquait elle aussi la perpétuité, d'ailleurs requise par le ministère public, n'a elle été condamnée qu'à 20 ans de réclusion criminelle en raison notamment de ses "aveux passés" qui ont permis de révéler l'affaire en 2004, a argué le président Didier Safar.
La cour a rendu son verdict au terme de près de cinq heures de délibérations dans ce procès "hors norme" chargé de juger le duo criminel représentant "le mal absolu" selon les avocats des parties civiles.
Un couple dépeint par Yolaine Bancarel, avocate de la famille de Farida Hammiche, la victime, comme un "aigle à deux têtes". Les deux co-accusés sont restés de marbre à l'énoncé du verdict.
Le procès ne revêtait pas de grand enjeu puisque le couple purge déjà une peine de réclusion criminelle à perpétuité pour le meurtre de sept jeunes filles et femmes. Monique Olivier, 70 ans, est libérable en 2032. Michel Fourniret, 76 ans, potentiellement jamais.
Le duo était cette fois poursuivi pour l'assassinat, il y a 30 ans, de la femme d'un ex-compagnon de cellule du tueur en série. Fourniret l'avait aidée à déterrer 20 kg d'or dans un cimetière du Val-d'Oise, sur les indications du mari emprisonné.
Le magot pourrait avoir appartenu, sans certitude, au "gang des postiches", célèbres braqueurs des années 1980.
Tout au long du procès, l'"ogre des Ardennes", barbe blanche et visage émacié, a endossé le costume du "dingue", du "sale type" comme il s'est lui-même décrit jeudi lors de son interrogatoire.
Comme à son habitude, celui que les experts décrivent comme un "prédateur sadique" et un "paranoïaque pervers" a parlé par énigmes, usé de périphrases alambiquées, provoqué, hurlé parfois avant de se calmer aussitôt.
Et il n'a cessé de narguer les parties civiles en restant évasif sur le lieu où il a dissimulé le corps de Farida Hammiche, jamais retrouvé. "Laissez-moi une carte!", a-t-il lancé à Me Bancarel qui le pressait de révéler où il l'avait enterré, provoquant l'ire de la famille.
Sur la manière dont il l'a assassinée, il a évoqué sa mémoire soi-disant "vieillissante". "Vraisemblablement par étranglement", a-t-il avancé. "La phrase de Farida m'est restée en tête, elle m'a dit +Ne me tue pas comme ça+", s'est-il malgré tout rappelé.
Michel Fourniret, c'est "la banalité du mal", a insisté dans sa plaidoirie Didier Seban, avocat de l'ex-braqueur Jean-Pierre Hellegouarch, le veuf de Farida Hammiche.
"Perpétuellement face à une ombre"
Fourniret, "c'est celui qui s'amuse, c'est celui qui joue" mais c'est surtout "celui qui, sans elle, n'est rien", a insisté Me Bancarel, pointant du doigt Monique Olivier et la plaçant au même niveau de responsabilité dans le crime.
Tout au long du procès, l'ex-femme du tueur en série, visage blafard et yeux cernés clignant sans cesse, a éludé les questions, renvoyant la responsabilité sur les épaules de son co-accusé, minimisant son rôle.
"Je la regarde depuis le début. Vous l'avez vue ciller pendant ces quatre jours?", s'est interrogée Me Bancarel. "Quelle a été son attitude? Pas de voix chevrotante, pas de larme, aucune émotion", a détaillé l'avocate. Monique Olivier a tout même, à l'inverse de Fourniret, exprimé ses regrets: "Farida ne méritait pas ça, c'est impardonnable".
"Monique Olivier est toujours connectée à notre monde", avait plaidé son avocat Richard Delgenes, demandant aux jurés d'opérer une distinction avec Michel Fourniret qui lui "est ailleurs".
Jugeant la décision "satisfaisante", il a estimé que "Monique Olivier sans Michel Fourniret" n'aurait "pas (été) dans le box" des accusés.
"M. Fourniret est hanté par trop de fantômes et sa peine, elle n'est plus judiciaire, a plaidé Grégory Vavasseur son avocat commis d'office. Dans sa solitude absolue, il ne lui reste que deux compagnons, un jeu d'échec avec lequel il joue contre lui-même et quelques pages blanches éparses qu'il noircit, comme il a noirci sa propre existence. M. Fourniret a déjà pris perpétuité, il sera perpétuellement face à une ombre."
L'avocat a indiqué que "compte tenu de la personnalité de son client", il ne ferait pas appel.
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