Un mandat de dépôt a été prononcé contre Rosa Maria Da Cruz, 50 ans, qui comparaissait libre et a également été condamnée à un suivi socio-judiciaire de cinq ans, avec injonction de soins, a précisé son avocate Me Chrystèle Chassagne-Delpech.
La quinquagénaire sera incarcérée dimanche soir à la maison d'arrêt de Limoges, selon le parquet.
Le président de la cour a indiqué que la peine était "aménageable" et qu'elle pourrait solliciter le juge d'application des peines en vue d'un aménagement de peine et, de ce fait, d'une éventuelle libération conditionnelle.
La déchéance totale d'autorité parentale sur Séréna, requise par le parquet, a été confirmée lors de l'audience sur les intérêts civils.
Une peine de huit ans de prison avait été requise contre Mme Da Cruz, mère de trois autres enfants. La défense avait plaidé l'acquittement.
Un peu plus tôt dans la journée, après la plaidoirie de la défense, Mme Da Cruz avait déclaré d'une voix faible et lasse : "Je voudrais demander pardon à Séréna pour tout le mal que je lui ai fait". "Je me rends compte que je lui en ai fait beaucoup, et que je ne reverrai plus jamais ma petite fille".
"Ce procès n'est pas le procès du déni de grossesse", avait d'emblée affirmé l'avocat général Olivier Kern, à propos de la thèse plaidée par la défense et qui a dominé les cinq jours de procès.
"Ce procès est celui de la dissimulation", une dissimulation "responsable de la privation de soins et d'aliments, et des violences engagées", a poursuivi M. Kern, en énumérant : isolement, privations sensorielles, de stimuli, absence de contact extérieur, confinement au silence... le "manque de tout".
"Songez bien, deux ans, ce n'est pas quelques semaines", a poursuivi M. Kern. "ll en faut de l'organisation, de la réflexion pour cacher un enfant à ses proches directs, son conjoint, ses enfants" pendant ce temps.
Mme Da Cruz était passible d'un maximum de 20 ans de réclusion, dans une affaire jugée aux assises en raison du caractère "permanent" des séquelles de Séréna. Ce "déficit fonctionnel à 80%", un "syndrome autistique vraisemblablement irréversible", est lié "sans ambiguïté" aux conditions de ses 23 premiers mois de vie, selon les expertises.
Ne pas "psychologiser à outrance"
"On ne saura jamais pourquoi", ont dû convenir accusation et défense, tant les leviers profonds de l'accusée sont restés impénétrables, au long du procès. Même si des pistes sont apparues du côté de traumatismes antérieurs, un premier accouchement très difficile, un deuxième inopiné en 2004 après un déni, déjà.
L'avocat général a d'ailleurs demandé à la Cour de tenir compte du "déni de grossesse partiel" dans le cas Séréna, mais a rejeté le concept de "déni d'enfant" une fois Séréna née, une "dissociation psychique" invoquée par la défense.
Pour celle-ci, Me Chrystèle-Chassagne Delpech avait exhorté la Cour à ne pas prendre la "décision moyenâgeuse d'envoyer en prison une femme qui est dans la souffrance, dans la détresse".
Elle avait appelé les jurés à prendre une "grande décision", de celles qui font les "grandes réformes", sur le déni de grossesse, un "fléau" aujourd'hui dans un "vide psychiatrique".
Auparavant, les parties civiles avaient, tel Me Rodolphe Costantino pour l'association Enfance et Partage, appelé à ne pas "psychologiser le débat à outrance". "Si on fait cette place hors norme à la psyché, nous ne poursuivrons plus personne".
"Il y a une seule victime, pas deux, et c'est Séréna", avait de son côté plaidé Me Isabelle Faure-Roche, avocate de l'Aide sociale à l'enfance (ASE) de la Corrèze, administrateur ad hoc de Séréna, qui vit en famille d'accueil depuis cinq ans et aura 7 ans dans une semaine. Séréna, dont "la vie ne sera jamais notre vie, le monde ne sera jamais notre monde".
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