L'influent ministre de l'Environnement Michael Gove, figure de proue de la campagne pro-Brexit, a dit avoir "absolument" confiance en elle. "J'espère bien continuer à travailler avec tous mes collègues du gouvernement et tous mes collègues au Parlement pour faire en sorte que nous obtenions le meilleur pour le Royaume-Uni", a ajouté le ministre, interrogé par des journalistes.
Le ministre du Commerce international Liam Fox a également volé au secours de Mme May, assurant qu'il avait lui aussi "pleinement confiance" en elle, lors d'une conférence à Bristol, et estimant que le pays avait désormais "besoin de stabilité".
Ces déclarations ont permis à la livre de regagner quelques couleurs après sa chute de jeudi.
Les médias britanniques présentaient M. Gove comme un candidat au départ, après la démission jeudi de quatre membres du gouvernement, dont le ministre du Brexit Dominic Raab, inquiets notamment du sort particulier réservé à la province britannique d'Irlande du Nord après la sortie de l'UE dans le compromis de divorce conclu par Londres avec l'Union européenne en début de semaine.
L'autorité de Theresa May a été durement ébranlée par ces défections qui ont ponctué une journée tumultueuse, également marquée par la menace d'un vote de défiance de députés de son propre camp, partisans d'une rupture nette avec l'UE.
Jacob Rees-Mogg, dirigeant du groupe parlementaire eurosceptique European Research Group (ERG), a lancé la manœuvre, l'accusant d'avoir trahi les promesses faites au peuple britannique sur le retrait de l'UE.
Il a déjà rallié au moins 22 députés tories, mais le compte n'y est pas : l'appui de 48 d'entre eux, soit 15% du groupe conservateur à la chambre des Communes, est en effet requis pour organiser un tel vote de défiance. Il faudrait ensuite qu'une majorité de députés conservateurs votent contre Theresa May.
David Lidington, le numéro deux du gouvernement, a estimé que Theresa May remporterait un vote de confiance "haut la main".
Opération de charme
Entretemps, la cheffe de l'exécutif a lancé une opération de charme envers les Britanniques pour les convaincre des bienfaits du projet d'accord, répondant aux questions des auditeurs de la radio LBC tôt vendredi matin. Pendant une demi-heure, elle a adopté un ton presque enjoué, assurant à l'un d'eux, qui l'appelait à démissionner, que le texte permettrait au Royaume-Uni de redevenir maître de son avenir.
Theresa May avait déjà défendu bec et ongles le projet d'accord avec l'UE devant les députés la veille, faisant planer la menace d'un retour en arrière sur le Brexit, prévu le 29 mars 2019, si elle n'obtenait pas de soutien au Parlement.
Pendant trois heures, elle a affronté des députés vent debout contre l'accord : les Brexiters craignent que le Royaume-Uni reste trop étroitement amarré à l'UE, tandis que les europhiles estiment plus bénéfique de rester au sein du bloc européen et réclament un second référendum.
Des députés de divers bords lui ont déclaré qu'il n'y avait aucune chance que le plan obtienne leur aval en décembre, mais Mme May a rejeté les appels à la démission.
"J'ai moi-même des inquiétudes", a admis Mme May sur LBC. Mais dans toute négociation, il faut faire des "compromis".
Renégociation "à la marge"
Ses propos n'ont pas convaincu le petit parti unioniste nord-irlandais DUP, dont les dix députés lui sont indispensables pour avoir une majorité absolue, et qui entend s'opposer au projet d'accord.
Le Daily Telegraph croit savoir que le DUP se considèrera comme délié de son accord politique avec le Parti conservateur, sauf si Mme May est remplacée par un autre dirigeant.
Mais Theresa May a assuré vendredi qu'elle continuait de travailler avec le DUP, sans toutefois pouvoir garantir son soutien.
Pour le ministre français des Finances Bruno Le Maire, les Brexiters ont désormais le choix entre "le reniement de leur promesse politique absurde ou le désastre économique".
Comme la chancelière allemande Angela Merkel, l'Elysée a de son côté exclu toute renégociation de l'accord conclu entre Londres et le négociateur en chef de l'UE Michel Barnier. Mais la présidence française n'exclut pas "certains amendements à la marge".
Le point le plus controversé du projet d'accord de 585 pages réside dans le "filet de sécurité" prévoyant le maintien de l'ensemble du Royaume-Uni dans une union douanière avec l'UE ainsi qu'un alignement réglementaire plus poussé pour l'Irlande du Nord, si aucun accord sur la future relation entre Bruxelles et Londres n'était conclu à l'issue d'une période de transition de 21 mois après le Brexit et prolongeable une fois.
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