Un procès "hors norme", pour un couple représentant "le mal absolu", ont souligné les avocats des parties civiles. Un couple dépeint par Yolaine Bancarel, avocate de la famille Hammiche, comme un "aigle à deux têtes" qui s'attaque "à des femmes et des enfants".
Le duo est poursuivi pour avoir tué la femme d'un ancien compagnon de cellule du tueur en série. Il l'avait aidée à déterrer un stock de 20 kg d'or dans un cimetière du Val-d'Oise, sur les indications du mari emprisonné.
Le magot aurait appartenu aux "gangs des postiches", célèbre équipe de braqueurs qui écumait les banques de région parisienne dans les années 1980.
Fourniret, 76 ans aujourd'hui, "c'est celui qui s'amuse, c'est celui qui joue" mais c'est surtout "celui qui, sans elle, n'est rien", a insisté Me Bancarel, plaçant Monique Olivier, 70 ans, au même niveau de responsabilité.
Tout au long des quatre jours de procès, l'ex-femme du tueur en série a éludé les questions, renvoyant la responsabilité sur les épaules de son co-accusé, minimisant son rôle, les yeux souvent rivés au sol.
"C'est elle qui, enceinte, alors qu'elle porte la vie, va chercher Farida alors qu'elle sait qu'elle va mourir", a lancé Me Bancarel.
"Je la regarde depuis le début. Vous l'avez vue ciller pendant ces quatre jours?", a-t-elle demandé aux jurés. "Quelle a été son attitude? Pas de voix chevrotante, pas de larme, aucune émotion", a détaillé l'avocate.
"Le banalité du mal"
Dans une attitude tout autre, Michel Fourniret a lui endossé le costume du "dingue" et du "sale type", comme il s'est lui-même décrit jeudi lors de son interrogatoire sur le fond.
Parlant en énigmes, usant de périphrases et de provocations, il a nargué les parties civiles en laissant planer le doute sur le lieu où il a dissimulé le corps de Farida Hammiche, jamais retrouvé. "Laissez-moi une carte!", a-t-il même lancé à Me Bancarel qui le pressait de révéler où était le cadavre.
Sur la manière dont il l'a assassinée, il a joué d'une mémoire soi-disant "vieillissante". "Vraisemblablement par étranglement", a-t-il avancé sans émotion. "La phrase de Farida m'est restée en tête, elle m'a dit +ne me tue pas comme ça+", s'est-il malgré tout rappelé.
Michel Fourniret, c'est "la banalité du mal", a insisté dans sa plaidoirie Me Didier Seban, avocat de Jean-Pierre Hellegouarch, ancien braqueur et veuf de Farida Hammiche.
"Comme dirait l'expert, il ne respire pas le même oxygène que nous. Il est dans sa morgue, dans son orgueil absolu. Il joue avec nous sur les corps qu'il ne veut pas donner", a dénoncé l'avocat, qui a rappelé à la cour les sept meurtres de jeunes femmes pour lesquels "l'ogre des Ardennes" a déjà été condamné à la perpétuité, en 2008, à Charleville-Mézières.
Pour l'avocat général Benoît Meslin, aucune circonstance atténuante d'ordre psychiatrique ne doit être retenue: le couple, exempt de maladie mentale, est "évidemment perturbé dans son psychisme", comme l'ont rappelé plusieurs experts jeudi, mais était "entièrement responsable" de ses actes.
Ils ont tué "pour le plaisir", pour "prouver qu'ils sont quelqu'un à leurs propres yeux", a estimé M. Meslin.
Fourniret a été qualifié par un des experts entendus jeudi de sujet "paranoïaque et pervers" à la "dangerosité criminologique extrême" et dont l'"évolution démentielle" entretient le risque de récidive.
Seule explication avancée pour expliquer sa folie meurtrière, un viol commis par sa mère subi dans son enfance. "C'est pour ça que vous en voulez à toutes les femmes?", l'a interrogé Me Seban. "C'est pas impossible", a simplement répondu Fourniret, toujours stoïque.
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