Le texte, très critiqué par l'opposition de gauche car il comprend d'amples coupes budgétaires, a été adopté jeudi par 45 sénateurs, 24 ont voté contre et un s'est abstenu.
C'est un succès politique pour le gouvernement du président argentin de centre-droit Mauricio Macri, dont la coalition n'a pas de majorité au parlement mais qui a réussi à s'entendre avec l'opposition modérée.
Le président du Sénat Federico Pinedo a souligné "le signal positif" ainsi émis par l'Argentine à destination des marchés et d'éventuels investisseurs.
Le pays a été secoué cette année par deux crises monétaires, en mars-avril et août-septembre, qui ont fait perdre au peso 50% de sa valeur face au dollar et fait flamber l'inflation.
Face à cette crise, Buenos Aires a sollicité l'aide du Fonds monétaire international (FMI), une institution avec laquelle il avait pratiquement cessé ses relations depuis 2006, en échange d'une cure d'austérité.
En première lecture en octobre, les députés avaient approuvé le budget à une nette majorité. Ce jour-là, des affrontements avaient éclaté entre la police et des manifestants isolés qui les avaient pris à partie.
Mercredi, lors du début de la session au Sénat, des milliers de manifestants ont protesté dans le calme. "Non au budget 2019 de Macri, du FMI et du PJ" ont-ils scandé en allusion au Parti Justicialiste, troisième force au Sénat, qui s'est allié à la coalition gouvernementale Cambiemos pour faire adopter le texte.
"Ce budget ne me plaît pas, c'est le budget d'un pays en détresse. Mais ce serait pire de ne pas le voter. Le FMI surveille (...). Il n'y a pas d'autre solution", a déclaré Miguel Angel Pichetto, chef de file des sénateurs du PJ.
"Sacrifice"
"Mettre de l'ordre dans les comptes de l'Etat implique un sacrifice", s'est justifié le sénateur Esteban Bullrich, un ancien ministre de M. Macri.
"Le FMI et le gouvernement tablent sur une relance de l'économie au cours du second trimestre de 2019, dans le meilleur des cas. D'ici là, cette politique aura un effet récessif", explique l'économiste Hector Rubini, de l'Université du Salvador de Buenos Aires.
Le sénateur de gauche Fernando Pino Solanas estime que ce plan de redressement "n'est pas la solution pour l'Argentine. Il faut tourner la page et se convaincre qu'il y a une autre voie".
Le gouvernement a tenu l'engagement qu'il avait pris auprès du FMI de réduire le déficit des finances publiques, en retranchant 10 milliards au budget 2018. Sur les neuf premiers mois de 2018, le déficit budgétaire est ainsi inférieur aux prévisions, s'établissant à 1,1% du PIB au lieu de 1,9%.
Le déficit, qui avait culminé à 6% en 2015, avait été ramené à 3,9% en 2017 et l'objectif de 2,7% pour 2018 devrait être amélioré à 2,6%, pour une inflation record avoisinant les 45%.
Mardi, l'agence de notation Standard & Poor a cependant abaissé d'un cran la note de la dette de l'Argentine, de B+ à B, pointant du doigt "l'érosion de la trajectoire de la croissance, la dynamique de l'inflation et la trajectoire de la dette".
Selon le FMI, la contraction du PIB devrait atteindre 2,6% cette année et la récession se poursuivre en 2019, avec une contraction du PIB de 1,6%. Pour autant, l'institution de Washington anticipe "une croissance de 3,2% à moyen terme grâce à la mise en œuvre de réformes et au retour de la confiance".
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