A l'issue de cette "Marche de la colère", organisée mercredi en fin d'après-midi à l'appel d'un "Collectif du 5 novembre", date de l'effondrement de plusieurs immeubles vétustes de la rue d'Aubagne, les manifestants ont directement visé le maire de la cité phocéenne, Jean-Claude Gaudin, sous les fenêtres de son bureau, sur le Vieux-Port.
"Sang sur les mains, menottes aux poignets", "Elus, responsables, que la justice passe", "Gaudin assassin", "Gaudin démission", "Gaudin en prison": pancartes et slogans donnaient le ton, tout au long d'une manifestation à laquelle ont participé 8.000 personnes selon la préfecture de police. Parmi eux, Jean-Luc Mélenchon, le leader de la France Insoumise, député de la circonscription où la catastrophe a eu lieu.
Alors que la manifestation était jusque-là bon enfant, la tension est montée quand les manifestants se sont heurtés au cordon des forces de l'ordre interdisant l'accès à l'hôtel de ville. Fumigènes, pétards et jets de canettes ou de barrières côté manifestants, gaz lacrymogènes de l'autre: le face-à-face est devenu peu à peu de plus en plus houleux, alors que le cortège tardait à se disperser.
Selon la préfecture de police, cinq personnes ont été interpellées lors de ces échauffourées.
Vers 21H00, alors que la plupart des manifestants étaient partis, 200 à 300 personnes continuaient à occuper le pavé face à la mairie, avant d'être peu à peu dispersées sans ménagement par les forces de l'ordre. "Gaudin, ça sent le sapin", reprenaient-ils en choeur, alors que s'embrasaient les sapins de Noël couverts de neige artificielle installés sur le quai face à la mairie.
5.11.18 en lettres rouges
Brandissant les portraits de plusieurs des huit victimes du drame, cinq hommes et trois femmes, les "marcheurs en colère" ont aussi voulu exprimer leur soutien aux anciens habitants du 65 rue d'Aubagne par un énorme 5.11.18 --pour 5 novembre 2018, la date du drame mortel-- en lettres rouges sur le quai.
"J'ai beaucoup pleuré, même si je ne suis pas de Noailles", a témoigné Claude, une manifestante, auprès de l'AFP: "Mairie, Agence régionale de santé, Etat, ils sont tous coupables de ces assassinats", accusait-elle, alors qu'un de ses camarades proposait de rebaptiser la place de la mairie en "place des martyrs".
Très critiqué depuis le drame, Jean-Claude Gaudin, aux commandes de la ville depuis 1995, a pour la première fois reconnu dimanche n'avoir "pas assez fait" pour lutter contre l'habitat insalubre, au lendemain d'une "marche blanche" qui avait déjà rassemblé des milliers de Marseillais.
Mardi, une série de perquisitions ont eu lieu dans différents services de la mairie de Marseille et au siège du bailleur social propriétaire d'un des immeubles effondrés, dans le cadre de l'enquête préliminaire ouverte par le parquet de Marseille pour connaître les causes de l'effondrement et établir d'éventuelles responsabilités.
Mercredi soir, dans un communiqué, la mairie de Marseille a souligné que depuis le 5 novembre, 703 personnes au total ont été évacuées à travers la ville, principalement rue d'Aubagne et dans les rues adjacentes, mais aussi dans d'autres copropriétés dégradées. 221 ménages, soit 501 personnes sont actuellement hébergées par la mairie dans des hôtels de la ville. Et 150 logements sociaux ont d'ores et déjà été libérés pour les reloger de façon plus durable, dans l'hypothèse où ils ne pourraient pas réintégrer leurs logements.
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