Pour le couturier japonais de 79 ans, "tout commence par un dessin". Alors on trouve dans l'ouvrage plus de 300 croquis de mode issus de sa collection privée, mais aussi des photos de son dernier défilé au Zénith à Paris en 1999, très coloré à l'instar de ses oeuvres. Simplement titré "Kenzo Takada", le livre est rédigé par Kazuko Masui, son amie intime, aux éditions du Chêne.
La clé du livre est un reportage photographique jamais publié à ce jour, consacré aux coulisses de la création d'une robe de mariée pour la collection automne-hiver 1982-1983. Un cahier de croquis, Kenzo à l'oeuvre avec son bras droit Atsuko Kondo et son compagnon Xavier de Castella dans l'atelier, le créateur face à une toile, un tissu, un ruban, un mannequin à revêtir, un chausson de danse repeint à la main en rouge, parce qu'on manque de temps pour préparer des chaussure…
"Nous l'avons commencé deux jours seulement avant le défilé!", confie Kenzo.
"Le thème de cette collection était les fleurs. Cette robe de mariée tout en rubans à fleurs était l'image de la collection, une sorte de symbole", raconte-t-il encore. Cette robe sera faite de rubans- vieux, neufs, larges brodés- que Kenzo avait collectionnés en presque vingt ans.
Aventure parisienne
Le plus célèbre des créateurs japonais est arrivé en France en 1965. Sa première impression de Paris est "lugubre", mais il restera dans cette ville qui lui "a donné la liberté de créer".
"Je suis arrivé à la gare de Lyon le soir du 1er janvier 1965. Il faisait nuit et la gare était vieille, sale, noire. J'ai pris un taxi et ma première impression de Paris a été lugubre, sombre. Pourtant c'était Paris, la capitale de la mode, la ville de mes rêves et c'était tellement triste. Puis le taxi est passé à côté de Notre-Dame (...) Elle était majestueuse. Cela m'a un peu consolé", raconte-t-il dans le livre.
Dans les lettres à sa mère, il décrit ce Paris où le pain est tellement bon qu'il en mange trop, où il se baigne une fois par semaine parce que le bain public est cher, les cinq restaurants japonais qui ne servent pas de sushis et la beauté des boutiques des fleuristes.
"Je suis venu pour six mois et je suis resté plus de cinquante ans dans cette ville qui reste farouchement indépendante", résume-t-il.
Il apprend le français, assiste à quelques défilés de grands couturiers et commence à vendre ses dessins. Louis Féraud, les magazines Elle et le Jardin des Modes en achètent. Rapidement il ouvre une petite boutique à la galerie Vivienne à Paris, qu'il repeint d'un décor de jungle, et lance en 1969 sa marque "Jungle Jap".
"A l'époque, les textile synthétiques étaient à la mode à Paris et les vêtements étaient assez sombres. J'ai profité d'un retour au Japon pour y acheter des tissus colorés en coton", se souvient-il.
Ses vêtements en coton, empruntant tout autant à la mode parisienne qu'aux kimonos traditionnels japonais, mêlant avec audace couleurs et imprimés, tout comme ses défilés où les mannequins dansent et sautillent, révolutionnent le milieu de la mode de l'époque.
Au début des années 1970, il remplace la ligne par le volume dans lequel le corps respire et bouge.
Les fleurs de Kenzo, dont la maison a intégré en 1993 le groupe LVMH, et qui a pris sa retraite en 1999, marqueront à jamais l'histoire de la mode.
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