Le ministre ultranationaliste a dénoncé le cessez-le-feu comme une "capitulation devant le terrorisme" et appelé à des législatives "le plus tôt possible", avant l'échéance fixée à novembre 2019, jetant l'incertitude sur l'avenir du gouvernement en place depuis 2015, considéré comme le plus à droite de l'histoire d'Israël.
Un responsable du Likoud, parti de droite du Premier ministre, a indiqué pour sa part que M. Netanyahu reprendrait le portefeuille de la Défense --il détient déjà celui des Affaires étrangères-- et jugé que des élections anticipées n'étaient pas nécessaires.
Dès mercredi, Benjamin Netanyahu, en fonctions depuis près d'une décennie, a engagé des discussions avec les caciques du Likoud et les chefs des autres formations alliées en vue de "stabiliser" sa coalition, selon un responsable sous couvert de l'anonymat.
Mais la plupart des commentateurs ne donnaient pas cher de ces efforts, tablant sur des élections anticipées déjà dans l'air depuis des mois.
Le retrait de la coalition du petit parti de M. Lieberman, Israël Beiteinou, laisse à ce jour M. Netanyahu avec une majorité théorique minimale d'un seul siège sur 120.
Dans une période préélectorale propice à la surenchère, les autres partenaires gouvernementaux se sont engouffrés dans la brèche.
Le portefeuille de la Défense doit échoir au ministre de l'Education, Naftali Bennett, chef du parti nationaliste religieux Foyer juif, faute de quoi c'en est fini de la coalition, a clamé un responsable de ce mouvement.
Le Premier ministre a l'autorité de dissoudre un Parlement hostile. Les électeurs doivent alors être appelés aux urnes dans les 90 jours.
Le mouvement islamiste Hamas au pouvoir dans la bande de Gaza ne se priverait pas, alors, de proclamer avoir fait tomber le gouvernement israélien.
Le Hamas crie victoire
En attendant, au lendemain de la pire confrontation depuis le conflit de 2014, le Hamas a déjà salué la démission de M. Lieberman comme une "victoire pour Gaza, qui a réussi, par sa résistance, à ébranler la scène politique" israélienne.
Des friandises ont été distribuées dans les rues de Gaza où des Palestiniens ont piétiné et brûlé des photos du ministre israélien de la Défense.
Au coeur de la discorde israélienne: le cessez-le-feu conclu indirectement mardi sur intercession égyptienne avec les groupes de Gaza.
La trêve a effectivement été respectée mercredi, après une escalade qui a vu les groupes armés de Gaza tirer des centaines de roquettes et d'obus de mortier sur Israël et l'armée israélienne bombarder des dizaines de positions dans l'enclave.
L'engrenage a été enclenché dimanche avec une incursion dans Gaza des forces spéciales israéliennes qui a apparemment mal tourné.
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Mercredi, les écoliers de la bande de Gaza ont repris la classe dans l'enclave sous blocus coincée entre Israël, Egypte et Méditerranée.
Il en a été de même du côté israélien, où toutes les restrictions ont été levées dans les localités périphériques de Gaza --es tirs de roquettes avaient précipité les résidents aux abris.
Quatorze Palestiniens ont été tués par les tirs et frappes israéliens au cours des derniers jours. Les hostilités ont causé la mort d'un officier israélien et d'un autre Palestinien travaillant en Israël, tué par une roquette.
Plus qu'à aucun autre moment depuis 2014, ces affrontements ont rapproché les protagonistes d'une quatrième guerre en une décennie dans le territoire éprouvé par la pauvreté.
Avec le cessez-le-feu, M. Netanyahu en a éloigné le spectre, mais provoqué une bataille politique.
Nombre d'Israéliens de la "périphérie" soumise aux tirs de roquettes ont ainsi exprimé dans la rue et sur les réseaux sociaux leur ressentiment contre un gouvernement qui devrait, à leurs yeux, frapper plus fort les groupes palestiniens.
Des centaines d'Israéliens ont manifesté mardi soir à Sdérot, commune riveraine de Gaza, contre le fait que le gouvernement les laisserait à la merci de nouvelles attaques.
M. Lieberman, partisan déclaré de la manière forte, avait déjà jugé impossible tout arrangement avec le Hamas.
Avec le cessez-le-feu, "l'Etat achète le calme à court terme au prix de graves dommages à long terme pour la sécurité nationale", a-t-il argué mercredi.
Plus généralement, "la ligne que nous avons suivie ces derniers mois est complètement fausse", a-t-il asséné d'une voix posée.
Il a aussi critiqué la décision du gouvernement de permettre le transfert de dollars qataris dans la bande de Gaza principalement pour payer les salaires des fonctionnaires du Hamas. Il a encore déploré de n'avoir pas pu mettre à exécution la démolition d'un village de bédouins palestiniens, Khan al-Ahmar, en Cisjordanie occupée, qui mobilise le soutien des pays européens.
M. Netanyahu avait pris les devants de cette démission en défendant son action contre les critiques.
"Dans les périodes d'urgence, le public ne peut pas toujours être mis dans la confidence de décisions essentielles pour la sécurité du pays et de considérations qui doivent rester secrètes pour l'ennemi, a-t-il avancé. Nos ennemis nous ont suppliés d'accepter ce cessez-le-feu et ils savent très bien pourquoi ils l'ont fait."
Malgré des mois de tensions persistantes le long de la frontière avec Gaza, le Premier ministre a fait le choix du cessez-le-feu plutôt que de l'escalade, faute d'options, s'accordent les commentateurs.
M. Netanyahu préfèrerait contenir le Hamas plutôt que de tenter de l'éliminer, inquiet soit du vide que laisserait le mouvement islamiste, soit de l'impossibilité pour Israël d'assumer la sécurité d'un territoire d'où il s'est retiré en 2005.
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