Il a requis quatre ans de prison à l'encontre de son ancienne adjointe à la Culture, Brigitte Gruel, jugée à ses côtés depuis le 23 octobre devant les assises de Seine-Saint-Denis, estimant qu'elle avait "obéi en petit soldat". Il a également demandé que tous deux soient déclarés inéligibles pendant cinq ans et leur inscription sur le fichier des délinquants sexuels.
Le verdict est attendu jeudi, plus de sept ans après les dépôts de plainte, en mai 2011, de deux ex-employées municipales, et une dizaine d'années après les scènes qu'elles dénoncent.
Virginie Ettel et Eva Loubrieu, 41 et 44 ans, accusent Georges Tron, maire de Draveil depuis 1995, et Brigitte Gruel de leur avoir, ensemble, imposé des attouchements et des pénétrations digitales.
Georges Tron avait démissionné le 29 mai 2011 de son poste de secrétaire d'Etat à la Fonction publique.
Les accusés, âgés de 61 ans, ont toujours nié en bloc, estimant que le "ressentiment" des anciennes employées avait été exploité par leurs opposants locaux d'extrême droite.
La position de l'avocat général Frédéric Bernardo était très attendue, le ministère public s'étant toujours opposé au renvoi devant les assises de l'élu et de son ex-adjointe. La tenue d'un procès avait finalement été décidée en 2014 par la chambre de l'instruction.
"On a le droit d'avoir dans la magistrature son point de vue, j'ai le mien. (...) Faut pas croire qu'on est une armée de soldats", a déclaré l'avocat général. Pendant près de deux heures, il est descendu de sa place pour s'exprimer, sans notes, face à la cour.
Il s'est aussi tourné vers les plaignantes : "Votre situation m'a touché, vous avez pu développer une force inouïe, du courage, peut-être aussi un brin de folie pour supporter ce que vous avez vécu."
Puis vers les accusés: "Mon but est de dire en quoi je considère que les faits sont caractérisés (...) sans animosité personnelle".
"Le meneur"
Pour lui, Georges Tron - alors député, maire, chef de l'UMP localement - a "abusé de son pouvoir avec ses subordonnées" puis tenté de "politiser une affaire purement sexuelle" en dénonçant un complot.
Rappelant qu'il était affublé du surnom de "masseur chinois", en référence à sa passion revendiquée pour la réflexologie plantaire, il le compare plutôt au "comte Dracula", un "pervers narcissique" qui "vampirise ses victimes".
Il évoque à peine Brigitte Gruel dans son réquisitoire. Georges Tron était le "meneur", elle a obéi "en petit soldat", estime-t-il. Mais "l'obéissance n'est pas une fatalité, elle a eu plusieurs fois l'occasion de sortir de ses filets."
A ses mots, l'avocat de Georges Tron, Eric Dupond-Moretti, marmonne.
"Ah oui, ça gêne quand on démonte un mécanisme", pointe l'avocat général.
Au cours de ces quatre semaines de débats, il avait déjà agacé la défense quand il avait dit entendre une "franchise" dans les propos d'une ex-cadre de la mairie qui disait avoir eu des relations sexuelles - consenties - à trois avec les accusés, ainsi qu'avec l'accusé et d'autres femmes.
Me Dupond-Moretti avait aussi bondi quand le représentant du ministère public avait demandé à Brigitte Gruel de le regarder dans les yeux, expliquant avoir vu chez elle "des larmes de culpabilité, de culpabilité morale" lorsque Virginie Ettel avait décrit une agression alléguée.
Les plaidoiries de la défense auront lieu dans l'après-midi.
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