Les enquêteurs de la police judiciaire marseillaise ont également perquisitionné le siège du bailleur social Marseille Habitat, dépendant de la mairie, a déclaré à l'AFP le procureur de la République Xavier Tarabeux, confirmant une information du site d'investigation local Marsactu.
Ces perquisitions ont lieu dans le cadre d'une enquête ouverte par le parquet de Marseille et confiée à la PJ pour déterminer les causes exactes du drame survenu le 5 novembre et établir d'éventuelles responsabilités. Des dizaines d'enquêteurs sont mobilisés et ont déjà réalisé "énormément d'auditions", a précisé une source policière à l'AFP.
Les investigations, dans le cadre desquelles aucune garde à vue n'a encore été ordonnée, vont "se prolonger de nombreuses semaines". En plus des expertises techniques et des documents saisis, les enquêteurs continuent de s'intéresser aux gravats des immeubles à la recherche "de tout élément utile à l'enquête", a précisé cette source.
La mairie qui avait, juste après le drame, invoqué les fortes pluies comme première explication, pourrait être impliquée à plusieurs titres dans le dossier. Diverses expertises et procédures judiciaires avaient été engagées et témoignaient de la fragilité des immeubles qui se sont effondrés, vieux de plus d'un siècle.
Légalement, la municipalité est compétente en matière de "péril" lorsque l'état d'un immeuble, même privé, met en danger la vie de ses habitants. Elle était en outre propriétaire de l'un des deux bâtiments qui s'est effondré, via son bailleur social Marseille Habitat.
- "Marche de la colère" -
Cet immeuble, l'un des plus vétustes de la rue d'Aubagne - une voie en pente, où les immeubles s'appuient les uns sur les autres - avait été racheté par le bailleur public au terme de dix ans de procédure. Marseille Habitat l'avait vidé et muré, mais le bâtiment est peu à peu tombé en déliquescence. Cela a pu entraîner l'effondrement de la copropriété privée voisine, estime le syndic de cette dernière, qui avait fait procéder à certains travaux.
L'immeuble habité présentait toutefois lui aussi un certain nombre de fragilités dont se plaignaient les habitants décrivant des murs fissurés et des portes qui ne fermaient plus, et dont témoignent aussi les procédures dans lesquelles la copropriété était impliquée. Les locataires s'étaient plaints à plusieurs reprises auprès du syndic chez qui des documents et ordinateurs ont été saisis dès après le drame.
La mairie avait également connaissance, au moins dans une certaine mesure, de l'état de cet immeuble, puisqu'au titre de la sécurité publique, les services municipaux y étaient intervenus en urgence deux semaines avant l'effondrement. Les occupants avaient été évacués, mais après l'avis d'un expert, ils avaient pu regagner leurs appartements : cinq d'entre eux sont morts ainsi que trois de leurs connaissances.
Si l'enquête judiciaire, toujours sous la direction du procureur de la République, en est encore à ses prémices, le maire LR Jean-Claude Gaudin, depuis 23 ans aux commandes de la ville, continue d'être très critiqué, au-delà des quelque 500 sinistrés, évacués des immeubles riverains depuis le drame et qui ne sont pas sûrs de pouvoir les réintégrer.
Il a pour la première fois reconnu dimanche que la deuxième ville de France n'avait "pas assez fait" pour lutter contre l'habitat insalubre, au lendemain d'une marche blanche de milliers de Marseillais qui ont appelé à sa démission, sous les balcons de l'hôtel de ville.
Une deuxième manifestation, intitulée "marche de la colère", est prévue mercredi, dans une ville où l'habitat vétuste ou insalubre menace la sécurité de près d'un habitant sur huit, selon un rapport remis en 2015 au gouvernement faisant état de 40.000 logements indignes.
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