"Si je n'avais pas épousé une femme qui manquait un peu d'inexpérience, tout ça ne serait pas arrivé", a-t-il affirmé au premier jour de son procès devant la cour d'assises des Yvelines pour l'assassinat en 1988 de Farida Hammiche, l'épouse d'un de ses ex-codétenus, qui aurait été commis pour faire main basse sur le butin du "gang des postiches".
Déjà condamné à la perpétuité pour l'assassinat de sept femmes, Fourniret a souvent expliqué ses crimes car il "devait chasser au moins deux vierges par an", une obsession qu'il expliquait par le fait que sa première épouse, qu'il pensait vierge, ne l'était pas au moment de leur mariage.
Cette dernière avait "eu des vies avant". "Irréversible, le résultat", a poursuivi Fourniret froidement, interrogé par Me Didier Seban, avocat notamment de Jean-Pierre Hellegouarch, le veuf de Farida Hammiche.
Tout de noir vêtu, cheveux et barbe blanche, Michel Fourniret et son ex-femme Monique Olivier, accusée de complicité, comparaissent jusqu'à vendredi pour le meurtre crapuleux de cette femme qui leur a permis de mettre la main sur le trésor du "gang des postiches". Un crime qui a permis à l'"ogre des Ardennes" d'acheter plusieurs propriétés et de perpétrer sa série criminelle.
"Mettez-vous dans la peau d'un gamin puis d'un adolescent qui fait l'armée, ne sort pas en permission, lit, écrit beaucoup, et qui arrive au mariage pas peu fier de se marier puceau", a lancé Fourniret. "Ce type-là, ce connard, épouse puceau une dame de 7 ans 3 mois et 18 jours son aînée, mais qui manquait par trop d'inexpérience", s'est-il emporté.
Cette réalité, "c'est comme un obus explosif dans votre tête. Pigé, mec?", lance-t-il soudainement à Me Seban. "Je pige", lui a calmement rétorqué l'avocat.
"Enfermés dans leur monde"
Concernant sa santé, l'homme au physique émacié a indiqué: "Physiquement ça va, moralement, ça peut aller. Il est exact que je ne suis pas handicapé par une grande maladie". Mais il a évoqué à plusieurs reprises ses problèmes d'audition qui l'obligent à faire répéter ses interlocuteurs dans le prétoire, ainsi qu'une mémoire en partie défaillante.
Un état de santé diminué qu'a tenu à tempérer Richard Delgenes, avocat de Monique Olivier, lors d'une suspension d'audience: "Il a vieilli, mais il est toujours aussi alerte et quand il s'agit de ne pas répondre aux questions ou d'y répondre à sa façon il est toujours présent".
Me Seban, à la fois avocat du mari et de l'amant de la victime, tous deux présents sur le banc des parties civiles, a aussi jugé le couple criminel "attentif" à l'audience mais tous deux sont "enfermés dans leur monde aujourd'hui".
"On peut peut-être espérer plus de Monique Olivier qui elle, affiche dans les expertises une certaine honte par rapport à ce qu'elle a commis", mais "plus (la honte) d'être mise en cause publiquement qu'un véritable remords", a-t-il poursuivi.
Selon l'accusation, l'assassinat de Farida Hammiche avait permis à Fourniret de s'emparer du trésor des "postiches", déterré dans un cimetière du Val-d'Oise sur les indications de Jean-Pierre Hellegouarch.
Ce dernier avait en effet eu vent de l'emplacement d'une caisse à outils renfermant des lingots et des pièces d'or par un ancien codétenu, un Italien qui s'était évadé de prison avec un membre du "gang des postiches".
L'or une fois déterré, Fourniret n'aurait alors rien reçu en échange ou pas assez à son goût et avait décidé de liquider Farida Hammiche pour récupérer tout le butin.
Elle fait partie des huit femmes que le tueur a reconnu en 2004 avoir tuées. Il en a récemment avoué deux autres.
L'interrogatoire de personnalité de Monique Olivier, troisième ex-épouse du tueur, est attendu dans l'après-midi.
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