Un petit bâtiment du port de Hodeida, ville de l'ouest du Yémen contrôlée par les rebelles Houthis et cible d'une offensive loyaliste soutenue par l'Arabie saoudite, a été touché par une attaque lundi, a-t-on appris mardi de sources concordantes.
Il s'agit du premier bombardement visant ce port stratégique depuis l'intensification début novembre de l'offensive sur la ville de Hodeida.
Le port de Hodeida est le point d'entrée de plus des trois-quarts des importations et de l'aide humanitaire internationale au Yémen, pays menacé par une grande famine.
Les Houthis ont accusé, via leur chaîne de télévision Al-Massirah, la coalition militaire sous commandement saoudien d'avoir mené deux frappes aériennes qui ont visé lundi l'entrée Est du port.
Interrogé par l'AFP, le porte-parole de la coalition, le colonel saoudien Turki al-Maliki, a dit qu'il allait vérifier.
Les combats semblent avoir baissé d'intensité mardi, après 12 jours de bombardements et de combats meurtriers dans l'est et le sud de la ville qui ont fait près de 600 morts, selon des sources militaires progouvernementales et hospitalières.
Le directeur-adjoint du port, Yehya Charafeddine, a déclaré mardi par téléphone à l'AFP que l'entrée principale du port "avait été la cible de raids aériens (...) mais le port fonctionne normalement". Il a fait état de trois blessés parmi des gardes.
Mais quatre autres employés du port ont indiqué à l'AFP sous le couvert de l'anonymat qu'un commandant rebelle, ainsi que trois de ses gardes, avaient été tués dans le bombardement de lundi. Un autre commandant rebelle a en outre été blessé, ainsi que trois de ses gardes, a-t-on ajouté de mêmes sources.
Le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, avait mis en garde lundi contre les conséquences "catastrophiques" d'une éventuelle destruction du port de Hodeida.
Accalmie dans les combats
Une habitante de la ville a indiqué au téléphone à l'AFP que "les violents combats avaient cessé lundi soir. La nuit, nous avons entendu des coups de feu limités, mais la situation semble stable aujourd'hui (mardi)".
"On n'entend pas d'explosions comme ces deux dernières semaines", a ajouté cette habitante qui a requis l'anonymat.
Les Houthis n'ont pas fait état mardi matin, via leurs médias, d'une quelconque action militaire dans Hodeida.
Lundi, alors que des combats se poursuivaient à Hodeida, une intense activité diplomatique s'est déroulée entre Ryad et Abou Dhabi, capitales de l'Arabie saoudite et des Emirats arabes unis, les deux piliers de la coalition antirebelles au Yémen.
Le ministre britannique des Affaires étrangères Jeremy Hunt a été reçu par le roi Salmane d'Arabie saoudite avant de se rendre à Abou Dhabi où il s'est entretenu avec le prince Mohammed ben Zayed al-Nahyane, l'homme fort des Emirats.
Il est ensuite revenu dans la soirée à Ryad où il a rencontré le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane, ministre de la Défense de son pays.
Mardi, le vice-président yéménite Ali Mohsen al-Ahmar a tweeté qu'il avait également rencontré M. Hunt à Ryad.
De son côté, le conseiller à la sécurité nationale de la Maison Blanche, John Bolton, a été reçu lundi par cheikh Mohammed, le prince héritier d'Abou Dhabi.
"Mesures de confiance"
Trois principales capitales occidentales --Washington, Londres et Paris--, ainsi que le secrétaire général de l'ONU, ont appelé à la cessation des hostilités au Yémen et à la reprise des négociations pour mettre fin à la guerre qui dure depuis quatre ans.
Le ministre yéménite des Affaires étrangères Khaled al-Yemani s'est pour sa part entretenu à Ryad avec le médiateur de l'ONU, le Britannique Martin Griffiths, qui, en septembre, avait échoué à réunir les belligérants à Genève.
Selon l'agence officielle saoudienne SPA, l'entretien Yemani-Griffiths a porté sur "les moyens de ranimer le processus de paix au Yémen" et de mettre en oeuvre des "mesures de confiance" entre le gouvernement et les rebelles. M. Yemani "a réitéré le soutien du gouvernement yéménite aux efforts" du médiateur de l'ONU, a précisé SPA.
Des informations circulent dans les capitales occidentales selon lesquelles un nouveau round de négociations inter-yéménites pourrait se dérouler d'ici la fin de l'année en Suède, mais aucune date n'a été fixée et ce processus semble fragile.
Quand la presse l'avait interrogé lundi sur la possibilité d'un cessez-le-feu à Hodeida, le colonel Maliki de la coalition antirebelles avait répondu que l'opération se poursuivait.
Outre "la destruction de la capacité" des rebelles, l'offensive des forces progouvernementales vise à "mettre plus de pression" sur les Houthis pour qu'ils viennent à la table de négociations, avait dit l'officier saoudien.
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