La justice américaine présente "El Chapo", 61 ans, comme l'un des barons de la drogue les plus dangereux qu'elle ait jamais eu entre ses mains.
Il est accusé d'avoir dirigé de 1989 à 2014 le puissant cartel de Sinaloa, du nom des montagnes au nord-ouest du Mexique d'où est originaire El Chapo.
Les procureurs américains affirment que, sous sa direction, le cartel a expédié aux Etats-Unis plus de 154 tonnes de cocaïne, pour une valeur estimée à 14 milliards de dollars.
Depuis son extradition aux Etats-Unis en janvier 2017, M. Guzman, qui risque la prison à perpétuité, est l'objet de conditions de détention très strictes, dues à deux précédentes évasions rocambolesques au Mexique, en 2001 et 2015.
Un procès pour l'exemple
Ce procès "est emblématique pour la justice américaine", elle veut en faire "un exemple de la guerre que mènent les Etats-Unis contre les narcotrafiquants", a indiqué à l'AFP René Sotorrio, un avocat de Miami qui a défendu de nombreux trafiquants de drogue.
"El Chapo est une icône, l'incarnation du narcotrafiquant dangereux dans l'imaginaire collectif," a-t-il souligné.
Ce qui explique selon lui que la justice américaine n'ait cherché à négocier aucun accord de plaider-coupable, qui aurait évité un long et très coûteux procès.
El Chapo plaide non coupable, mais la justice américaine assure avoir réuni une montagne de preuves accablantes contre lui, submergeant les avocats de la défense qui déplorent ne pas avoir pu toutes les examiner: quelque 300.000 pages de documents, 117.000 enregistrements audio et quantités de photos et vidéos.
En attendant de savoir si les jurés jugeront le Mexicain coupable des 11 chefs d'accusation retenus contre lui, au terme d'un procès censé durer plus de quatre mois, la crainte d'une nouvelle évasion ou d'un autre coup d'éclat d'El Chapo plane sur le tribunal.
Plusieurs jurés potentiels ont été écartés la semaine dernière après avoir indiqué craindre des représailles des proches du narcotrafiquant.
Pour protéger les jurés retenus, leurs noms resteront secrets et ils seront escortés chaque jour par des gardes au tribunal de Brooklyn, où de nombreux hommes en armes et chiens renifleurs ont été déployés.
La liste des témoins - ex-associés, employés ou rivaux d'El Chapo - appelés à témoigner est aussi tenue secrète.
Certains bénéficient de la protection du gouvernement américain, et vivent aujourd'hui sous de nouvelles identités. D'autres sont détenus dans des prisons spéciales pour empêcher toutes représailles.
Et le juge fédéral Brian Cogan a montré jeudi qu'il ne prendrait aucun risque.
Il a refusé une requête d'El Chapo qui demandait à pouvoir étreindre brièvement sa femme, Emma Coronel, avant le début des plaidoiries ce mardi.
Même s'il s'est dit "sensible" à la demande d'un homme maintenu à l'isolement 23 heures sur 24, avec pour seules visites celles de ses avocats et de ses filles jumelles de sept ans, le juge a estimé que le risque était trop grand.
Surtout "à la veille du procès, à un moment où l'accusé mesure peut-être les conséquences auxquelles il devra faire face en cas de condamnation, et où sa volonté de s'évader ou de menacer des témoins pourrait être particulièrement forte," a-t-il écrit dans sa décision.
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