L'appel de Paris, signé par plusieurs centaines gouvernements et d'acteurs de l'internet, sera présenté par le président de la République Emmanuel Macron dans un discours à l'Unesco à l'ouverture du Forum pour la gouvernance d'internet, en présence du secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres.
"Plus un jour ne se passe sans que l'on ne découvre une nouvelle campagne malveillante dans le cyberespace ou une nouvelle attaque informatique menée à des fins d'espionnage, de sabotage ou d'influence", a rappelé lundi matin le ministre des Affaires étrangères français Jean-Yves Le Drian.
Comme pour les armes nucléaires, "il faut des accords pour éviter éviter la guerre numérique qui serait catastrophique", a-t-il ajouté, au deuxième jour du forum de la Paix organisé dans le cadre des commémorations du 11 Novembre.
L'appel de Paris vise à relancer des discussions sur un code international de bonne conduite sur internet.
Celles-ci sont au point mort depuis 2017, lorsqu'un groupe d'experts mis en place à l'ONU s'est séparé sur un constat d'échec, du fait des divergences entre les grandes puissances de la planète.
Selon M. Le Drian, "51 Etats, 93 acteurs de la société civile et 218 partenaires du secteur privé" ont signé l'appel.
Il n'a pas donné le détail des signataires, mais la Chine, la Russie et le gouvernement fédéral américain ne devraient pas en faire partie.
En revanche, "une majorité" d'Etats européens l'ont déjà paraphé, ainsi qu'une "masse critique" d'acteurs américains, selon l'Elysée.
Dans l'appel, les signataires "réaffirment" leur "soutien à un cyberespace ouvert, sûr, stable accessible et pacifique"
"Nous nous déclarons résolus à agir de concert" pour empêcher les cyberactivités malveillantes "qui causent des dommages importants, sans discernement ou systémiques", indique également le manifeste.
De même, les signataires s'engagent à développer les capacités pour "empêcher des acteurs étrangers de perturber des processus électoraux".
Ils promettent également d'empêcher des acteurs privés de répliquer aux attaques informatiques par d'autres attaques informatiques, au risque de provoquer un embrasement général.
"Cet +appel de Paris+ est un vrai tournant dans la façon d'affronter les problèmes de cybersécurité dans le monde", a souligné Brad Smith, président de Microsoft, dont l'entreprise a signé l'appel.
"Le seul moyen de protéger la cybersécurité dans l'avenir est que tout le monde travaille ensemble, les gouvernements, le secteur des technologies et la société civile", a-t-il estimé à Paris, lors d'une rencontre dimanche avec des journalistes.
Ces dernières années une vraie prise de conscience sur les dangers pesant sur le réseau mondial s'est manifestée.
En 2017, "il y a eu près d'un milliard de personnes victimes de cyberattaques, les deux principales étant WannaCry et NotPetya, qui émanaient d'Etats", a notamment rappelé Brad Smith.
Un internet "libre, ouvert et sûr"
La Corée du Nord est généralement considérée comme étant à l'origine de Wannacry, tandis que NotPetya est attribuée par beaucoup d'experts à la Russie.
Par ailleurs, "nous voyons depuis 2016 des attaques utilisant les technologies de l'information pour tenter d'ébranler les processus démocratiques d'autres pays", a également rappelé Brad Smith.
L'Elysée souligne de son côté qu'il est temps "d'inventer un mode d'organisation" du réseau mondial, qui à ce jour repose pour l'essentiel sur la coopération d'acteurs privés. "C'est un espace géré, mais non gouverné", a regretté un conseiller d'Emmanuel Macron, en pointant le risque de voir l'internet "libre, ouvert et sûr" accéder bientôt au rang des paradis perdus.
D'autres questions numériques seront également discutées cette semaine à Paris.
Emmanuel Macron a accuelli lundi pour un déjeuner à l'Elysée des dizaines de représentants du monde de l'internet, qui débattront notamment des possibilités qu'offre le numérique pour renouveler le débat public et la démocratie.
Cette thématique des "govtech" et autre "civtech" est également au centre d'une conférence à l'Hôtel de ville de Paris.
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