Le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres a, lui, mis en garde contre les conséquences "catastrophiques" d'une éventuelle destruction du port de Hodeida, point d'entrée de plus des trois-quarts des importations et de l'aide humanitaire internationale dans le pays en guerre.
Au moins 111 rebelles, 32 loyalistes et sept civils ont été tués au cours des dernières 24 heures dans ces affrontements dans la région, dont certains se déroulent dans des quartiers résidentiels de Hodeida, ont indiqué lundi à l'AFP des sources militaires et hospitalières.
Ce bilan a été donné alors que les rebelles Houthis, soutenus par l'Iran, opposent une farouche résistance à la progression des forces progouvernementales appuyées par l'Arabie saoudite et réussissent à la ralentir, a admis une source militaire loyaliste.
Le chiffre de 32 combattants loyalistes tués en moins de 24 heures est le plus élevé depuis le début de cette phase de l'offensive sur Hodeida, il y a 12 jours.
Une source de la coalition antirebelles a indiqué que les Houthis avaient repoussé une tentative majeure d'avancée loyaliste en direction du port.
La coalition a de son côté visé les rebelles avec de multiples frappes aériennes, selon des sources militaires loyalistes.
Dans la nuit, des corps carbonisés ont été amenés à l'hôpital militaire Al-Alfi, contrôlé par les rebelles depuis 2014, ont indiqué des sources de cet établissement.
Au pouvoir à Hodeida, grande ville stratégique sur la mer Rouge, les Houthis ont commencé à évacuer leurs blessés vers la capitale Sanaa dont ils sont maîtres également depuis quatre ans.
"Si à Hodeida, il y a une destruction du port, ça peut engendrer une situation absolument catastrophique", a mis en garde M. Guterres, rappelant que le Yémen se trouve déjà dans une situation humanitaire "désastreuse". Il a réitéré un appel pressant à "l'arrêt des combats".
Pompeo et Hunt montent au créneau
L'offensive des forces progouvernementales sur Hodeida avait été lancée en juin, mais elle s'est nettement intensifiée depuis le 1er novembre avec un bilan d'au moins 593 morts jusqu'ici dans la région (461 rebelles, 125 loyalistes et 7 civils), selon des sources militaires et hospitalières.
L'Arabie saoudite a été considérablement affaiblie par l'affaire Jamal Khashoggi, du nom de ce journaliste tué le 2 octobre au consulat saoudien à Istanbul. Elle était déjà vivement critiquée pour des "bavures" à répétition ayant fait des centaines de victimes civiles lors de frappes aériennes depuis 2015 au Yémen.
Tour à tour, le chef de la diplomatie américaine Mike Pompeo et son homologue britannique Jeremy Hunt ont estimé que le temps de la négociation était venu pour le Yémen.
Lors d'un entretien dimanche avec le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane, également ministre de la Défense, M. Pompeo a explicitement appelé à "la fin des hostilités" au Yémen, demandant que "toutes les parties viennent à la table pour négocier une solution pacifique au conflit".
L'administration américaine de Donald Trump, visiblement sous la pression du Congrès, a confirmé l'annonce samedi par Ryad que la coalition sous commandement saoudien au Yémen allait désormais effectuer elle-même le ravitaillement en vol de ses avions, assuré jusqu'ici par les Etats-Unis.
De son côté, M. Hunt a évoqué le coût humain "incalculable" du conflit yéménite, estimant que sa résolution passe par une solution "politique".
Le ministre britannique, qui doit être reçu au plus haut niveau lundi en Arabie saoudite, est favorable à une "nouvelle action" au Conseil de sécurité pour soutenir les efforts du médiateur de l'ONU au Yémen Martin Griffiths qui cherche à organiser un nouveau round de négociations "d'ici la fin de l'année".
Inquiétudes pour les civils
Dimanche, des premiers combats de rue ont éclaté dans un quartier résidentiel de l'est de Hodeida. Un responsable militaire progouvernemental a affirmé que l'objectif était de "purger" ces rues de toute présence rebelle.
Les Houthis ont positionné des snipers sur les toits des bâtiments et ont posé de nombreuses mines pour freiner l'avancée de leurs adversaires, tandis que des avions de combat et des hélicoptères d'attaque de la coalition sous commandement saoudien pilonnent régulièrement les positions rebelles.
Paradoxe de la situation, le port de Hodeida, situé dans le nord de la ville, est "jusqu'à présent ouvert" et opère "normalement", selon son directeur adjoint Yahya Sharafeddine.
De son côté, Hervé Verhoosel, porte-parole du Programme alimentaire mondial (PAM), a indiqué que les combats n'avaient pas affecté jusqu'ici ses opérations.
Le Yémen est le théâtre de la pire crise humanitaire au monde, rappelle régulièrement l'ONU, qui précise que 14 millions de civils sont en situation de pré-famine.
"La situation est vraiment mauvaise", a déclaré à l'AFP Mariam Aldogani, coordinatrice des opérations de terrain de l'organisation humanitaire Save the Children à Hodeida.
Selon elle, "il y a beaucoup de peur parmi les habitants" et les installations médicales "reçoivent un nombre croissant de civils blessés".
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