Il faisait allusion à la polémique acerbe qui oppose les conservateurs au pouvoir à l'opposition centriste - et à la Commission européenne - à propos des réformes judiciaires controversées, mais peut-être aussi au chaos entourant la "marche de l'indépendance" prévue dimanche après-midi à Varsovie, organisée au départ par l'extrême droite et reprise in extremis par les autorités de l'Etat.
M. Tusk a pris la parole à Varsovie, après avoir fleuri le monument au maréchal Jozef Pilsudski, père de l'indépendance polonaise en 1918.
"Je sais qu'au quotidien nous nous disputons entre nous à propos de la forme de la République, de l'avenir de notre Etat, et je sais que parfois (nous nous disputons) trop fort. Pologne, pardonne-nous", a dit M. Tusk, acclamé par un bon millier de sympathisants, dont plusieurs anciens ministres libéraux et le nouveau maire de Varsovie Rafal Trzaskowski.
Il a ajouté aussitôt que l'amour des Polonais pour leur patrie était "bien plus fort" que leurs querelles.
A ses côtés, le chef du parti centriste Plateforme civique (PO), Grzegorz Schetyna, a affirmé que ce dimanche "les rues polonaises seront occupées par ceux qui repoussent la communauté européenne, vivent de haine et d'antipathie".
La marche prévue dans le centre de Varsovie a effectivement fait naître des tensions et des incertitudes, en raison du rôle qu'y prend l'extrême droite.
Sa dernière édition, le 11 novembre 2017, a permis à des groupuscules extrémistes de lancer des slogans nationalistes, racistes et même antisémites, ce qui a suscité des commentaires défavorables à l'étranger.
Après une valse-hésitation ces derniers jours - la marche a été entretemps interdite par la maire libérale de Varsovie et autorisée à nouveau par un tribunal - le président Andrzej Duda et le Premier ministre conservateur Mateusz Morawiecki ont décidé de recourir aux grands moyens pour empêcher la répétition de tels incidents.
Gendarmes
Ils ont décrété que la marche était transformée en cérémonie d'Etat - sans exclure les nationalistes - et qu'ils y participeraient tous les deux, précédés par une parade militaire. Cette solution devrait limiter toutes sortes d'incidents, grâce à la présence de policiers et de gendarmes.
Les organisateurs d'extrême droite, dont le Camp National Radical (ONR) est la composante principale, maintiennent qu'il s'agit de deux marches distinctes qui se déroulent conjointement.
Ce compromis ne garantit pas un déroulement harmonieux de la manifestation, des groupes de gauche envisageant de bloquer le déplacement des nationalistes.
Concurrencée par les cérémonies de l'Armistice à Paris, Varsovie ne peut compter sur aucune présence étrangère marquante, sauf celle de M. Tusk.
Si la marche de dimanche est l'événement le plus médiatisé, des centaines de rassemblements, conférences, messes, concerts et expositions permettront aux Polonais d'exprimer leur attachement à leur patrie, qui avait ressuscité en 1918 après 123 années d'absence due à son partage entre la Russie tsariste, la Prusse et l'Empire austro-hongrois.
A midi (11h00 GMT), ils étaient tous invités à entonner l'hymne national, telle une immense chorale virtuelle.
Il n'en reste pas moins que la Pologne fête effectivement son centenaire profondément divisée.
"Risque mortellement sérieux"
Le parti au pouvoir Droit et Justice (PiS), tout en menant une généreuse politique sociale qui lui vaut le soutien d'un Polonais sur trois, mène des réformes de la justice perçues par l'opposition libérale et par la Commission européenne comme une menace pour l'Etat de droit et la démocratie.
Tout en affirmant son attachement à l'Union européenne, le PiS adopte des positions qui donnent des arguments à ceux qui l'accusent de conduire le pays, volontairement ou non, vers un Polexit.
Tel Donald Tusk, considéré comme un candidat possible à la présidentielle polonaise de 2020, qui a évoqué récemment un "risque mortellement sérieux" de sortie du pays de l'UE.
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