Ces scrutins visent à élire des "présidents" et des "députés" pour les deux "républiques populaires" autoproclamées par les rebelles à Donetsk (DNR) et à Lougansk (LNR), qui échappent depuis quatre ans au contrôle de Kiev.
Ils ancrent la séparation de ces territoires du reste du pays et légitiment leurs nouveaux dirigeants alors que le processus de paix est au point mort et que des heurts alourdissent régulièrement le bilan de ce conflit estimé par l'ONU à plus de 10.000 morts.
L'annonce de ces élections a déclenché de vives protestations de Kiev et des Occidentaux, qui y voient la main de Moscou.
La cheffe de la diplomatie de l'Union européenne, Federica Mogherini, a dénoncé samedi des scrutins "illégaux et illégitimes" et a assuré qu'ils ne seront "pas reconnus" par les 28.
"Ces élections sont une moquerie", a ajouté l'envoyé spécial américain en Ukraine, Kurt Volker.
Huit pays européens -- Allemagne, Belgique, France, Grande-Bretagne, Italie, Pays-Bas, Pologne et Suède -- ont exhorté la Russie à "recourir à son influence" pour empêcher la tenue de ces scrutins.
Moscou assure de son côté que ces élections "n'ont aucun rapport" avec les accords de Minsk: "Les gens ont simplement besoin de vivre (...) et d'assurer l'ordre dans leur région", a affirmé le 1er novembre la porte-parole de la diplomatie russe Maria Zakharova, évoquant également "la nécessité de combler le vide de pouvoir".
- "Légitimer les nouveaux chefs" -
Les deux républiques autoproclamées sont dirigées depuis des mois par des chefs par intérim qui devraient voir leur autorité confortée par le vote.
A Donetsk, Denis Pouchiline, 37 ans, un ex-négociateur politique avec Kiev, a été nommé pour succéder à Alexandre Zakhartchenko, ancien combattant tué en août dans un attentat.
A Lougansk, Léonid Pasetchnik, 48 ans, ex-responsable régional des services de sécurité ukrainiens, a remplacé Igor Plotnitski, destitué en novembre 2017.
Plusieurs candidats sont en lice dans les deux républiques autoproclamées, mais personne ne doute de la victoire des dirigeants actuels, qui ont tous deux promis de renforcer les liens avec Moscou.
"Moscou a décidé que la légitimation de nouveaux chefs était plus importante que les critiques" occidentales, explique à l'AFP l'analyste Alexeï Makarkine, directeur adjoint du Centre des technologies politiques à Moscou.
D'autant que la Russie ne risque pas grand-chose, note l'expert, l'UE devant déjà faire face aux critiques de certains pays membres quant aux sanctions existantes prises à l'encontre de Moscou.
La Russie et l'Ukraine sont à couteaux tirés depuis l'arrivée au pouvoir à Kiev en 2014 de pro-occidentaux dans la foulée du soulèvement du Maïdan, suivi de l'annexion de la péninsule ukrainienne de Crimée et du conflit avec les séparatistes dans l'est.
L'Ukraine et les Occidentaux accusent Moscou de soutenir militairement les séparatistes, ce que la Russie dément malgré de nombreuses preuves.
Les accords de paix de Minsk signés en février 2015 ont permis de réduire considérablement les affrontements, mais des flambées de violences continuent d'éclater périodiquement le long de la ligne de front, où quatre soldats ukrainiens ont été tués samedi. Et le règlement politique est au point mort, les belligérants se rejetant la responsabilité de cet échec.
"Les deux maîtres du monde, les Etats-Unis et la Russie, se partagent les territoires. Rien ne dépend de nous ici. Il n'y a plus d'espoir", a regretté auprès de l'AFP Iouri, un habitant de Donetsk de 50 ans, qui dit vouloir se rendre malgré tout aux urnes pour un vote qu'il considère comme un pied de nez aux Occidentaux.
Les bureaux de vote doivent ouvrir à 05H00 GMT et fermer à 17H00 GMT, les premiers résultats étant attendus lundi.
burs-ant/pop/plh
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