Le Pentagone a aussitôt approuvé cette annonce, qui intervient alors que des parlementaires américains, aussi bien républicains que démocrates, réclamaient avec insistance que les Etats-Unis mettent immédiatement fin à leurs opérations de ravitaillement des avions de la coalition saoudienne opérant au Yémen.
C'est l'agence de presse officielle saoudienne SPA qui a annoncé ce développement. "Récemment, le Royaume et la Coalition ont accru leur capacité de mener indépendamment le ravitaillement en vol au Yémen", a indiqué SPA.
"En conséquence, en consultation avec les Etats-Unis, la Coalition a demandé la cessation du soutien au ravitaillement en vol pour ses opérations au Yémen", a annoncé l'agence.
L'Arabie saoudite et l'ensemble de la coalition qui soutient les forces loyales au président yéménite Abd Rabbo Mansour Hadi "cherchent continuellement à améliorer leur professionnalisme militaire et leur autosuffisance", a expliqué SPA.
Les Etats-Unis ont rapidement réagi.
"Nous soutenons la décision du Royaume d'Arabie saoudite, après des consultations avec le gouvernement américain, d'utiliser les capacités militaires propres de la Coalition pour effectuer les ravitaillements en vol en soutien de ses opérations au Yémen", a déclaré dans un communiqué le secrétaire américain à la Défense, Jim Mattis.
Le Washington Post, citant des sources proches du dossier, avait affirmé quelques heures plus tôt que la décision de cesser les ravitaillements en vol américains de la coalition avait d'ores et déjà été prise par les Etats-Unis, qui mettaient ainsi fin à leur soutien le plus concret à la coalition saoudienne en trois ans de conflit
Une aide controversée
Cette aide, déjà critiquée à Washington, était devenue encore plus controversée depuis le meurtre du journaliste saoudien Jamal Khashoggi, imputé à de hauts responsables du royaume et qui a terni l'image de Ryad.
Des parlementaires américains, démocrates comme républicains, ont exigé que Washington prenne des mesures "immédiates", "y compris en mettant fin au ravitaillement des avions de la coalition saoudienne", faute de quoi ils menaçaient de faire adopter des mesures au Sénat.
Les sénateurs Jeanne Shaheen et Todd Young avaient publié un communiqué en ce sens vendredi peu avant la parution de l'article du Washington Post. "Nous attendons que Ryad s'engage de bonne foi et avec urgence dans des négociations pour mettre fin à la guerre civile", écrivaient ces élus des deux bords politiques.
Le Pentagone et la coalition se sont exprimés sur la perspective de négociations en vue d'un règlement du conflit.
"Le commandement de la Coalition exprime l'espoir que les prochaines négociations sous l'égide de l'ONU dans un pays tiers conduiront à un règlement négocié", a indiqué SPA.
Pourparlers éventuels
Après l'échec en septembre d'une médiation de l'ONU, la coalition a annoncé la reprise de l'assaut sur le port stratégique de Hodeida, dans l'ouest du Yémen, qui s'est intensifié à partir du 1er novembre.
La bataille pour reprendre Hodeida aux rebelles qui contrôlent la ville menace les efforts de paix des Etats-Unis et de l'ONU qui espère pouvoir convoquer des pourparlers d'ici la fin de l'année.
La coalition, indique l'agence SPA, "espère voir la fin de l'agression des milices Houthis soutenues par l'Iran contre le peuple yéménite et contre des pays de la région, notamment la menace des missiles balistiques et des drones".
Le Pentagone a lui aussi évoqué de prochaines négociations. "Nous sommes tous concentrés sur le soutien à une résolution du conflit, menée par l'envoyé spécial de l'ONU Martin Griffith", a déclaré Jim Mattis dans son communiqué.
"Les Etats-Unis et la coalition prévoient de collaborer au renforcement des forces yéménites légitimes pour défendre le peuple yéménites, sécuriser les frontières de leur pays, et contribuer à contrer les efforts d'Al-Qaïda et de l'ISIS au Yémen et dans la région", a ajouté le secrétaire américain à la Défense, utilisant l'acronyme anglais pour l'organisation jihadiste Etat islamique (EI).
Les combats pour le contrôle de Hodeida ont été particulièrement meurtriers vendredi, avec une forte résistance des rebelles Houthis qui tentent par tous les moyens de ralentir la progression des forces progouvernementales soutenues par la coalition.
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