Deux ans après le bien nommé "Les conquêtes", lauréat d'une Victoire de la musique ("album révélation") en 2017, Pierre Guénard (chant, guitare), Manu Ralambo (guitare, basse) et Colin Russeil (batterie, claviers) auraient pu se mettre la pression au moment de la confirmation.
"Je pense que les échos favorables nous ont plutôt libérés. On s'est autorisés à être un peu plus nous-mêmes sur ce nouvel album. Un artiste passe sa vie à se chercher, à savoir qui il est vraiment. Sur le premier disque, par exemple, je m'exprimais beaucoup par métaphores, mes textes n'étaient pas vraiment accessibles. Je crois que je me cachais un peu derrière ça", dit Pierre Guénard.
"Avec les gars, on avait ce côté bon élève. Là, on a cherché à être dans la simplicité, dans une émotion plus directe et ça passait par raconter des histoires auxquelles le public s'identifierait. J'avais aussi plus de choses à dire, liées à ce qu'on a vécu ces dernières années, comme la perte de proches ou des histoires d'amour", complète-t-il.
Sur des titres comme "Bouquet d'immortelles" ou "L'éclaireur", un romantisme souvent teinté de noirceur se fait jour chez son auteur, qui a hésité avant d'arpenter ce terrain tellement défriché depuis la nuit des temps.
"J'ai voulu assumer le fait de dire des mots simples que je m'interdisais d'utiliser avant comme +amour+ ou +coeur+. J'avais l'impression que ça avait été déjà trop dit, trop fait. Puis j'ai lu quelque part cette phrase (du poète québecois Gilles Vigneault, ndlr) qui m'a beaucoup éclairé: +tout a été dit, mais pas par moi+", explique l'artiste de 30 ans.
Couleur new-yorkaise
"Les artistes hip hop m'ont aussi décomplexé. Ils ont un rapport à la pudeur qui est différent. Ils disent les choses. Lomepal, Nekfeu prennent cette liberté. Ce n'est pas évident de s'affranchir de la pudeur, mais j'en avais besoin, j'avais des choses un peu lourdes à raconter", ajoute-t-il.
"Prières perdues", qui évoque la folie parfois engendrée par la religion, fait partie de ces titres fiévreux. "Les premiers mots sont venus le soir du 13 novembre, juste après les attentats à Paris. J'ai hésité à la conserver. Question de pudeur ici aussi, car il se trouve que le même jour j'enterrais mon grand-père", révèle-t-il.
"A ce moment-là, la vie reprenait immédiatement ses droits... avec son lot de morts, son cortège de malheurs. Le monde ne s'arrêtait pas au décès de mon grand-père. Des dizaines de gens sont morts ce soir-là et cette tragédie m'a éloigné encore un peu plus de lui..."
Si le passage à l'âge adulte de Radio Elvis se traduit également par une réflexion sur la fuite du temps ("23 minutes", "Nocturama"), il se manifeste en outre dans les arrangements soignés qui confèrent une couleur new-yorkaise à la production.
"Dans un groupe, il y a une circulation des énergies assez fragile qu'il faut préserver, des fulgurances qu'il ne faut pas entraver en intellectualisant trop les choses. A ce titre, on a voulu capter l'esprit des Talking Heads ou LCD Soundsystem", confirme le chanteur à la voix grave et indolente.
Pour clore ce disque, Radio Elvis a opté pour la belle envolée avec "Ces garçons-là". Pas facile pourtant de se pencher sur la virilité parfois étouffée de l'adolescent quand vient l'épreuve du premier baiser.
"Cette chanson symbolise notre démarche. Elle donne son titre à l'album, ce qui est une manière de dire +nous sommes ces garçons-là+. Et on l'a placée en final car c'est l'aboutissement d'un chemin parcouru", souligne Pierre Guénard.
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