Point d'entrée de trois quarts des importations et de l'aide internationale dans ce pays menacé par la famine, la ville portuaire de Hodeida est sous contrôle des rebelles depuis 2014 et les forces fidèles au président Abd Rabbo Mansour Hadi, appuyées militairement par les alliés saoudiens et émiratis, tentent de la reconquérir depuis juin.
Pour la première fois jeudi, les troupes loyalistes, soutenues par les raids de l'aviation saoudienne, sont entrées dans la cité où elles ont progressé de quelques km à partir du sud et de l'est en direction du port.
En riposte, les rebelles Houthis, dont le chef a promis que ses hommes combattraient jusqu'au bout, ont intensifié leurs contre-attaques pour ralentir leur avancée.
Ils "mènent des attaques intensives" en tirant des obus sur les positions reprises par les troupes loyalistes dans le sud de la ville, selon des responsables militaires progouvernementaux.
Les rebelles ont en outre affirmé avoir réussi à couper les voies d'approvisionnement de leurs adversaires dans quatre secteurs de la province de Hodeida, à l'extérieur de la ville éponyme. Mais cela n'a pas été confirmé par les responsables progouvernementaux.
Les Houthis ont creusé des tranchées et posé des mines sur des routes en périphérie de la ville, selon des sources loyalistes. Ils ont aussi positionné des snipers sur les toits de bâtiments et derrière de grands panneaux publicitaires pour faire face à l'assaut.
Lente progression
Malgré la résistance des rebelles, les forces loyalistes ont réussi à avancer de nouveau, mais très lentement dans l'est de la ville, ont ajouté les responsables.
L'offensive pour reprendre Hodeida a été lancée en juin 2018, mais elle a été suspendue en juillet pour donner une chance à une médiation de l'ONU. Après un échec en septembre de discussions sous l'égide de l'ONU à Genève pour un règlement politique -les premières depuis plus de deux ans-, la coalition a annoncé la reprise de l'assaut qui s'est intensifié à partir du 1er novembre.
Depuis 2015, les forces loyalistes, aidées d'une coalition militaire sous commandement saoudien, tentent de chasser les Houthis, soutenus par l'Iran, des vastes régions qu'ils ont conquises dans le nord et le centre du pays, y compris la capitale Sanaa.
En près de quatre ans, le conflit a fait quelque 10.000 morts et provoqué selon l'ONU la pire crise humanitaire au monde.
La bataille de Hodeida, qui a coûté la vie depuis le 1er novembre à quelque 250 combattants -197 Houthis et 53 loyalistes- fait craindre aux organisations humanitaires de sérieux risques pour les civils et la distribution des aides à une population qui souffrent de malnutrition.
Hodeida comptait en temps normal quelque 600.000 habitants, mais une partie a fui ces derniers mois.
Faisant le "V" de la victoire et portant des armes automatiques et des lance-roquettes, les unités progouvernementales ont paradé jeudi à bord de pick-up après leur entrée dans des zones résidentielles sur des routes que les rebelles Houthis ont parfois minées.
"Nous nettoierons les rues de la ville des Houthis et continuerons à avancer", a affirmé un combattant loyaliste, Fadel Abbas.
"Protéger les civils"
L'intensification de l'offensive met en danger les efforts des Etats-Unis et de l'ONU qui espère pouvoir convoquer des pourparlers "d'ici la fin de l'année", alors que les négociations en vue d'une solution politique n'ont jamais abouti à des progrès notables.
Elle accentue également les craintes des ONG opérant sur place ou ailleurs dans le pays.
La Croix-Rouge internationale a appelé les parties à "protéger les infrastructures civiles".
Amnesty International a condamné les frappes de la coalition et accusé les Houthis de déployer leurs hommes sur le toit d'un hôpital "rempli de civils blessés" à Hodeida.
Le Fonds de l'ONU pour l'enfance, pour qui le Yémen est devenu un "enfer sur terre" pour les enfants, a dit redouter que "l'escalade compromette des efforts humanitaires qui sont vitaux".
Alors que le pays est désormais menacé par la famine, le Programme alimentaire mondial (PAM) a annoncé son intention de fournir désormais une aide alimentaire à 14 millions d'habitants, environ la moitié de la population du Yémen, contre 7 à 8 millions actuellement.
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