Poursuivant dans le Nord son périple de commémoration de la guerre de 14-18, le chef de l'Etat a par ailleurs défendu avec force sa politique économique face à un ouvrier syndicaliste protestataire, hué par ses collègues, qui lui criait: "vous n'êtes pas le bienvenu".
Pour le 5e jour de son "itinérance" devenue chaotique, le président de la République a très vite été rattrapé par la polémique sur la figure du maréchal Pétain, après avoir jugé "légitime" de l'inclure dans un hommage samedi aux Invalides aux chefs militaires de la Grande guerre.
Ces propos avaient déclenché l'indignation de l'opposition, à gauche essentiellement, et des instances représentatives juives. Le Grand Orient de France, principale obédience maçonnique française, a qualifié jeudi d'"inacceptable" tout hommage rendu au maréchal Pétain.
Alors que l'Elysée a tenté toute la journée de mercredi d'apaiser la polémique en soulignant que le chef d'état-major irait samedi "fleurir la tombe des cinq maréchaux qui sont aux Invalides où il n'y a pas Pétain", M. Macron a insisté jeudi qu'il "n'a jamais été question d'avoir une célébration individuelle" pour l'ancien chef du régime collaborationniste de Vichy.
"On n'efface pas l'histoire"
"Il y a un maréchal Pétain qui a été un des acteurs et des grands soldats de 14-18, et ça vous ne pouvez pas l'effacer, et donc j'ai simplement dit: on n'efface pas l'histoire, on n'est pas les procureurs de l'histoire", a souligné le chef de l'Etat, estimant que la France avait "besoin, je le dis très franchement, d'autres polémiques et d'autres discussions que celle-ci".
Depuis le début de la semaine, le président fait le grand écart entre les sujets mémoriels et les dossiers d'actualité, comme la hausse des prix du carburant.
La visite à l'usine Renault, qui emploie 2.200 personnes, n'a pas dérogé à cette règle. Il a été accueilli par le PDG de Renault Carlos Ghosn qui lui a présenté les investissements du groupe, dont celui d'un milliard d'euros dans les véhicules électriques sur cinq ans, annoncé en juin.
S'adressant au personnel de l'usine, le chef de l'Etat a eu la surprise de se faire prendre à partie par un syndicaliste de SUD. "M. Macron, vous n'êtes pas le bienvenu ici. Avec l'augmentation de l'essence vous reprenez d'une main ce que vous donnez de l'autre", lui a crié l'homme, Samuel Beauvois, qui a précisé travailler chez Renault depuis près de 25 ans.
"Si vous êtes venu faire un meeting politique c'est autre chose", a répliqué le président. "On est là tous ensemble pour réussir". "On réussit sans vous", a rétorqué le syndicaliste, sifflé par nombre de ses collègues qui ont applaudi le président.
"Vous êtes ridicule"
"Je veux expliquer pourquoi je suis là, cet engagement..." "C'est pas grâce à vous", l'a coupé son interlocuteur. "Là vous êtes ridicule, pardon de vous le dire", s'est énervé le chef de l'Etat.
M. Macron devait ensuite déjeuner dans un collège à Maubeuge, où La France Insoumise avait prévu une "manifestation des riches". Avant de passer l'après-midi à Notre-Dame-de-Lorette (Pas-de-Calais), site de la plus grande nécropole militaire française où reposent 22.000 combattants. Il visitera l'Anneau de la Mémoire, où sont gravés les noms de 580.000 soldats morts, sans distinction de nationalité.
Ce voyage permet au chef de l'Etat, très bas dans les sondages, de multiplier les bains de foule, son exercice de communication favori. Mais il est confronté chaque jour à des expressions de colère, contre le faible montant des retraites ou la cherté des carburants, à une semaine d'un appel à bloquer les routes le 17 novembre.
Emmanuel Macron profite aussi de cette semaine pour investir les médias alors que ses interviews étaient jusqu'ici rares.
Après Europe 1 mardi, il répondra aux questions de France 3 Hauts-de-France et France 3 Grand Est jeudi à 19H00, puis sera dimanche l'invité de CNN.
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