Pour le 5e jour de son "itinérance" devenue chaotique, le chef de l'Etat va encore faire le grand écart entre dossiers d'actualité et mémoire de la Grande Guerre.
Il est arrivé jeudi matin à l'usine Renault près de Maubeuge (Nord) pour notamment visiter la chaîne de production, avant une présentation par Carlos Ghosn des investissements du groupe. Le patron de Renault devrait confirmer celui, déjà annoncé en juin, d'un milliard d'euros dans les véhicules électriques.
A quarante kilomètres de là, le ministre de l'Economie Bruno Le Maire s'est montré confiant sur une issue positive pour l'aciérie Ascoval de Saint-Saulve (Nord), en redressement. "Nous allons y arriver!", a-t-il lancé devant les syndicats, dans l'attente de la décision judiciaire, prévue le 12 décembre, sur le projet de reprise du franco-belge Altifort.
Le président de la région Hauts-de-France Xavier Bertrand (ex-LR), qui avait accusé le gouvernement de vouloir "assassiner" l'aciérie, a répété jeudi sur Cnews la nécessité de la sauver, car elle est "viable".
Si Emmanuel Macron l'a récemment taxé d'"opportunisme" et de "démagogie", les deux hommes ont fait assaut d'amabilités alors que M. Bertrand accueillait le chef de l'Etat mercredi dans l'Ehpad de Rozoy-sur-Serre.
Retraites et carburants
Jeudi, Emmanuel Macron déjeunera à Maubeuge - où La France insoumise a prévu une manifestation - puis passera l'après-midi à Notre-Dame-de-Lorette (Pas-de-Calais), site de la plus grande nécropole militaire française où reposent 22.000 combattants. Il visitera l'Anneau de la Mémoire, ellipse où sont gravés les noms de 580.000 soldats morts, sans distinction de nationalité.
Ce voyage permet au chef de l'Etat, très bas dans les sondages, de multiplier des bains de foule, son exercice de communication favori. Mais l'ambiance est parfois tendue. Il est confronté chaque jour à des expressions de colère, contre le faible montant des retraites ou la cherté des carburants, à une semaine d'un appel à bloquer les routes le 17 novembre.
Mercredi, face à plusieurs habitants désemparés ou agressifs, il a pris soin de répondre calmement, tantôt en arguant que les augmentations des carburants n'étaient pas de son fait, tantôt en promettant des aides pour les plus pénalisés.
Avec ou sans Pétain ?
Emmanuel Macron profite aussi de cette semaine pour investir les médias alors que ses interviews étaient jusqu'ici plutôt rares.
Après Europe 1 mardi, il répondra aux questions de France 3 Hauts-de-France et France 3 Grand Est jeudi à 19H00, puis sera dimanche l'invité de CNN.
Son souci pédagogique ne l'a pas empêché de susciter une polémique mercredi sur la figure du maréchal Pétain, en jugeant "légitime" de l'inclure dans un hommage samedi aux Invalides aux chefs militaires de la Grande guerre.
Philippe Pétain fut "un grand soldat" durant la Première Guerre, même s'il a ensuite conduit "des choix funestes" dans la Deuxième, a-t-il plaidé, revendiquant de "regarder l'histoire en face".
Ces propos ont déclenché l'indignation notamment de Jean-Luc Mélenchon et du Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif). "L'infamie" commise par Pétain lors de la Deuxième Guerre "efface tout le reste", a abondé Xavier Bertrand.
L'exécutif a tenté mercredi d'apaiser la polémique, l'Elysée soulignant que le chef d'état-major irait samedi "fleurir la tombe des cinq maréchaux qui sont aux Invalides où il n'y a pas Pétain".
Le ministre de l'Education Jean-Michel Blanquer a enfoncé le clou jeudi: "Il n'y a pas de polémique, il est évidemment hors de question de rendre" un tel hommage , malgré le "rôle" de Pétain dans la Grande Guerre. Mais "on ne va pas faire comme les dictatures qui gomment les personnes sur les photos comme si elle n'avaient pas existé".
L'armée, elle, n'a jamais parlé d'exclure de son hommage celui qui fut l'un des héros de Verdun.
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