Un policier, "Lukas", agissant sous couverture, a joué pendant plusieurs semaines les intermédiaires entre Mathieu Valbuena et les maîtres-chanteurs présumés. Aurait-il outrepassé son rôle en incitant à commettre une infraction? C'est la question à laquelle doit répondre la chambre de l'instruction de la cour d'appel de Paris.
Pour le parquet général, la réponse est clairement négative. Dans son réquisitoire, il a estimé qu'il n'y avait "pas eu de provocation à l'infraction" et demandé la validation de l'enquête lancée en 2015, ouvrant ainsi la porte à un éventuel procès.
Mais la Cour de cassation avait rendu un avis contraire en juillet 2017, suivant les arguments de la défense.
Lors de l'audience le 4 octobre, les avocats des six mis en examen ont en effet fait valoir que les agissements du policier infiltré, commissaire à la PJ de Versailles, invalidaient l'ensemble de l'enquête, qui a coûté à Karim Benzema sa place en équipe de France.
Pour eux, l'officier a poussé les protagonistes, en particulier Younes Houass, avec lequel il était en contact téléphonique, à réclamer de l'argent en échange de la vidéo intime de Mathieu Valbuena. Une vidéo détenue par les cerveaux présumés du chantage, Axel Angot et Mustapha Zouaoui, deux hommes gravitant dans le milieu du football professionnel.
Ces derniers, outre Younes Houass, avaient auparavant tenté d'approcher Valbuena par l'intermédiaire de l'ex-Bleu Djibril Cissé puis étaient passés par son co-équipier en équipe de France Karim Benzema contacté grâce à son ami d'enfance, Karim Zenati. Les trois hommes sont eux aussi mis en examen.
Procédure "viciée"
Younes Houass n'a été, selon son avocat Samim Bolaky, "que la courroie de distribution entre Valbuena, Zouaoui, Angot et +Lukas+. (...) Mais il n'a jamais vu la vidéo". Et "aucune contrepartie financière, aucune menace, qui sont les éléments constitutifs de l'infraction de chantage, n'étaient évoqués avant l'intervention du policier", avait-il rappelé en octobre.
Pour l'avocat de Mathieu Valbuena, Paul-Albert Iweins, en revanche, "les policiers se sont comportés de façon parfaitement normale". "Si on devait considérer que les entretiens téléphoniques entre Houass et le policier sortent de la procédure, ça ne concerne en rien Benzema" et ne remet donc pas en question le volet de l'affaire impliquant ce dernier, selon lui.
Au contraire, pour Sylvain Cormier, avocat de l'attaquant du Real Madrid contacté mardi par l'AFP, "l'ensemble de la procédure est viciée par les agissements de l'enquêteur".
Son client, qui se dit totalement innocent, n'a plus jamais été appelé en Bleu depuis sa mise en examen en novembre 2015.
Dans "cette affaire, qui a eu un retentissement médiatique considérable, qui a donné lieu à des polémiques, (...) à la limite on ne sait plus trop qui est le coupable, qui est la victime", a souligné Me Iweins lundi. Son client Mathieu Valbuena, a-t-il ajouté, attend désormais "que la justice passe (...). Et que ça s'arrête."
Mais, assure Me Bolaky, "on est loin d'en avoir fini". "A moins que les écoutes soient annulées, ça retournera devant la Cour de cassation" car "même si la décision est favorable" à Younes Houass, les autres mis en cause formeront un pourvoi.
Son client a porté plainte contre X et contre l'enquêteur infiltré pour "faux et usage de faux". Une plainte parvenue mardi au parquet de Nanterre.
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