Sur le plan politique, la journée devrait aussi être marquée par la conférence de presse du maire LR de la ville Jean-Claude Gaudin, vertement critiqué depuis la catastrophe. A 11H00, il doit s'exprimer à la mairie, à la fois pour un "point de situation complet", mais aussi pour "évoquer la politique menée par la ville de Marseille en matière de logement et détailler l'ensemble des mesures prises en partenariat par la municipalité avec l'ensemble de ses partenaires, pour éradiquer l'habitat indigne".
Mercredi soir, une centaine de militants associatifs ont scandé "Gaudin, Fructus, assassins" - visant le maire et son adjointe au logement, Arlette Fructus -, en haut de la rue d'Aubagne. A quelques mètres, l'appel à participer à une réunion publique "des habitant.es et associations de Noailles" pour exiger "un toit digne pour toutes et tous" a aussi fait salle comble, a constaté un journaliste de l'AFP.
Plus généralement depuis lundi, de nombreux habitants du quartier - et des opposants politiques - critiquent l'action de la municipalité, qui a de son côté mis en avant les fortes pluies des derniers jours pour expliquer le drame, et aussi rappelé "l'énorme travail" réalisé pour l'éradication de l'habitat indigne.
Mercredi soir, devant le risque d'un "effet domino" entraînant de nouveaux immeubles, le préfet de la région Provence-Alpes-Côte-d'Azur et des Bouches-du-Rhône Pierre Dartout a annoncé la suspension des opérations de secours pour environ 24 heures, le temps de démolir deux nouveaux bâtiments.
"Morceau par morceau"
"C'est toujours une décision difficile à prendre", a-t-il reconnu lors d'un point presse: sous les gravats, où six corps ont déjà été retrouvés depuis lundi, les autorités estiment, sans certitude, qu'il pourrait y avoir encore deux victimes.
De fait, les recherches ont déjà été interrompues mercredi après-midi: "la sécurité des marins-pompiers ne pouvait plus être assurée", a expliqué M. Dartout. Concrètement, une pelleteuse va "déconstruire morceau par morceau" le n°69 et les étages supérieurs du n°71 de la rue d'Aubagne.
Lundi, les immeubles des numéros 63 et 65 s'étaient effondrés, avant que le n°67 ne tombe lui aussi partiellement, en raison notamment de l'action des marins-pompiers. De ces trois immeubles vétustes, seul le n°65 était habité, les deux autres bâtiments étant murés et officiellement vides.
Dans l'après-midi, le procureur de Marseille Xavier Tarabeux avait annoncé qu'"à ce stade", les causes précises de l'effondrement des immeubles 63 et 65 rue d'Aubagne n'étaient "pas établies". "On ignore lequel des deux immeubles a entraîné l'effondrement", a-t-il poursuivi, rappelant que les constructions dataient de la fin du XVIIIe siècle et que les immeubles avaient été construits en "s'appuyant les uns contre les autres".
Les enquêteurs ont pu recueillir des témoignages selon lesquels le numéro 65, qui avait fait l'objet le 18 octobre d'une "expertise" suivie de "travaux de confortement permettant la réintégration des occupants" selon la mairie, "avait bougé avant son éboulement".
Une locataire de cette copropriété privée avait appelé les "pompiers dans la nuit (avant la catastrophe) pour signaler l'augmentation d'une fissure qu'elle avait observé dans son appartement" avant de finalement les rappeler pour leur dire "qu'il n'était pas nécessaire qu'ils interviennent", a rapporté M. Tarabeux. Toutefois, "en l'état, il est prématuré d'imputer des responsabilités pénales" compte tenu "de la complexité de la situation", a-t-il souligné.
Dans la rue d'Aubagne, la rancoeur est pourtant déjà grande: "Ici, il n'y a que des noirs et des arabes, alors tout le monde s'en fout. Mais je paie mon loyer, 380 euros par mois, et je paie même ma taxe d'habitation. Pourtant vous avez vu l'état des bâtiments?", s'indignait mercredi Adama, un jeune Comorien.
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