"Il est clair que du travail est encore nécessaire dans les négociations du Brexit", a affirmé Michel Barnier dans un message publié sur son compte Twitter depuis Helsinki où il participe au congrès du Parti Populaire Européen (PPE-droite).
La Première ministre britannique Theresa May s'était entretenue au téléphone dans la matinée avec le président du Conseil européen Donald Tusk pour "faire le point sur l'avancement des discussions sur le Brexit".
La prise de position de M. Barnier a confirmé les échos obtenus par l'AFP auprès de sources informées sur les négociations avec Londres, qui ont fait état de "quelques progrès" sur l'Irlande du Nord mais "pas suffisants pour permettre la convocation d'un sommet européen extraordinaire en novembre".
"S'il y avait une percée inattendue dans les jours à venir, cela pourrait prendre jusqu'à deux semaines pour préparer un sommet extraordinaire", a souligné une de ces sources.
Le prochain sommet européen à l'agenda, traditionnel sommet de fin d'année, se tiendra les 13 et 14 décembre.
"Je crois possible de parvenir à un accord en novembre, mais chaque jour qui passe éloigne la possibilité d'avoir un sommet extraordinaire en novembre", a estimé le Premier ministre irlandais Leo Varadkar, également à Helsinki mercredi.
Le Royaume-Uni quittera l'UE, son marché unique et son union douanière le 29 mars 2019, et les 27 veulent éviter le rétablissement d'une frontière physique entre l'Irlande et la province d'Irlande du Nord, partie intégrante du Royaume-Uni, afin de préserver les Accords de paix de 1998.
Le gouvernement britannique de son côté cherche activement un compromis en interne afin de permettre au Parlement de Londres d'adopter l'accord de retrait à temps pour un départ ordonné le 29 mars 2019.
Pas de majorité
Une solution avancée par Londres serait de maintenir provisoirement le Royaume-Uni dans l'Union douanière avec l'UE, mais avec la possibilité d'en sortir unilatéralement. Cette idée a été rejetée par le Premier ministre irlandais et par le négociateur européen Michel Barnier.
"Nous avons besoin dans ce traité d'un +backstop+ (filet de sécurité), c'est-à-dire une assurance, pour être certains qu'il n'y aura pas de frontière dure sur l'île d'Irlande. Sans ce backstop opérationnel, il n'y a pas d'accord ni de transition. C'est aussi simple que cela", avait expliqué Michel Barnier après une réunion mardi soir avec le Premier ministre slovaque Peter Pellegrini à Bratislava.
"Ne croyez pas tout ce que vous lisez dans la presse", avait-il mis en garde.
Selon une source européenne, toute proposition doit obtenir le feu vert de M. Barnier et du chef de gouvernement irlandais, "et pour le moment aucun n'a accepté".
Mardi, en visite à Londres, le chef de la diplomatie belge Didier Reynders a jugé difficile de parvenir à un accord avant la fin de l'année, et souligné que "la possibilité d'un +no deal+ (absence d'accord) est de plus en plus présente".
Une solution pourrait émerger "au niveau du gouvernement britannique", mais il y a ensuite la crainte que cette solution "ne passe pas au parlement", où Mme May semble particulièrement affaiblie, a-t-il estimé après une réunion avec son homologue Jeremy Hunt.
Impression confirmée par une source impliquée dans les négociations : "pour le moment il n'y a pas de majorité au Royaume-Uni", a-t-elle assuré à l'AFP.
Une réunion des ministres des Affaires étrangères des 27 a été convoquée lundi prochain à Bruxelles, au cours de laquelle ils seront informés par Michel Barnier de l'état des travaux avec Londres, a annoncé mercredi le conseil de l'UE dans un communiqué.
"Pour l'instant, c'est trois pas en avant, deux pas en arrière", a commenté le secrétaire général de la Commission européenne Martin Selmayr au cours d'une rencontre mardi soir à Bruxelles avec des représentants allemands, selon des propos rapportés par le correspondant de l'hebdomadaire allemand Der Spiegel.
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