Mettant en avant une sorte de thèse du complot devant quelques journalistes, dont l'AFP, au siège de la Fifa à Zurich, le successeur de Sepp Blatter à la présidence de la Fifa savait "qu'il ne serait pas aisé de changer les choses dans un environnement vicié par certaines pratiques".
"Voilà pourquoi nous comprenons qu'il puisse y avoir des contre-réactions", argumente Infantino qui insiste: "Le fait que vous ayez un fils d'immigrés italiens président de la Fifa ne plaît peut-être pas à tout le monde..."
Et l'ancien bras droit de Michel Platini à l'UEFA de passer alors en revue et réfuter les révélations "inexactes" selon lui des "Football Leaks".
Selon cette enquête, réalisée par un consortium de médias européens, l'UEFA, et ses deux patrons de l'époque Platini et Infantino, aurait "en connaissance de cause aidé les clubs (PSG et Manchester City) à maquiller leurs propres irrégularités, pour des +raisons politiques+".
"Les règlements du fair-play financier prévoient la possibilité de négociations et d'accords (avec les clubs)", explique Infantino. "Et qui est chargé de négocier et de discuter ? L'administration", donc lui, répond-il.
Pour rappel, le fair-play financier (FPF), règle édictée par l'UEFA, interdit à un club engagé en compétition européenne de dépenser plus que ce qu'il ne gagne en propre. Les sanctions peuvent aller du simple blâme jusqu'à l'exclusion des compétitions.
"S'il est interdit d'avoir des amis"
Selon les "Football Leaks", certains clubs, comme Manchester City et le Paris SG, ont vu leurs sanctions allégées après discussion avec l'UEFA.
Ainsi, Infantino, à l'époque N.2 de l'UEFA, aurait "négocié directement un accord avec Manchester City, en court-circuitant (...) l'organe d'enquête interne théoriquement indépendant". Infantino aurait ainsi envoyé un mail aux dirigeants de City avec "un beau cadeau": "20 millions d'amende ferme au lieu de 60. Les 40 millions restants ne seront dus que si le club ne revient pas à l'équilibre financier à l'avenir".
Le PSG a, au final, "eu le même traitement, très accommodant", insiste Mediapart en France.
S'il n'y a rien d'illégal, n'y a-t-il pas violation des règles d'éthique ? "Certainement pas", assure Infantino. "Non seulement il n'y a rien d'illégal mais il n'y a rien de contraire" aux règles d'éthique.
Et ses relations avec le procureur du Haut-Valais (Suisse), Rinaldo Arnold, un ami qu'il a invité notamment au Mondial-2018 en Russie ?
"S'il est interdit en Suisse d'avoir des amis", ironise l'Italo-Suisse. "Je suis très heureux et très fier d'avoir Rinaldo (Arnold) pour ami. Il est également président du club de 6e division de Brig (ville d'origine de M. Infantino, ndlr). Il travaille dur pour le football."
"Pas du tout obsédé" par sa réélection
"Je suis autorisé à inviter un ami à un match, je ne vois absolument pas cela comme une violation (du code d'éthique)", ajoute Infantino. "Il y a des questions bien plus sérieuses qui peuvent être, sont et seront étudiées par la justice et on arrivera à une juste conclusion", ajoute le président de la Fifa qui dénonce "une attaque injuste".
Le bureau du ministère public (parquet) du Valais a annoncé mardi confier à un procureur extraordinaire la mission d'établir précisément "les faits et de déterminer s'ils seraient susceptibles de relever ou non du droit pénal".
Ces révélations interviennent à 8 mois d'un congrès de la Fifa où Infantino briguera un second mandat.
Alors que son bilan est contesté, ce dernier multiplie les annonces en direction des 211 fédérations appelées à voter, leur promettant d'augmenter les aides financières. Pour ce faire, il souhaite élargir la Coupe du monde des clubs et créer une Ligue mondiale des Nations, pour lesquelles un groupe d'investisseurs promettrait 25 milliards de dollars.
Mais devant des projets loin de faire l'unanimité et face à l'opposition notamment de l'UEFA, Infantino a été contraint de temporiser lors de la dernière réunion du Conseil à Kigali, en acceptant la création d'une commission ad hoc.
Est-il pour autant inquiet pour sa réélection ? "Je suis confiant", déclare-t-il, assurant n'être "pas du tout obsédé" par cette réélection.
"Je suis très satisfait de ce que nous avons réussi à faire. Je veux être réélu si les gens estiment que j'ai fait du bon travail, pas parce que j'ai conclu des accords avec l'un ou l'autre", conclut-il.
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